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Dien Bien Phu / Pierre Pellissier

En réponse à -2
-1Pourquoi défendre une vallée? de alex

Dien Bien Phu et le Laos de Serge Desbois le mardi 30 novembre 2004 à 09h13

Nous avons déjà eu l’occasion de souligner que le fait de créer un camp retranché à DBP était une protection illusoire pour couper la route de Louang Prabang et du Haut-Laos
J’aurais dû ajouter à cette contribution que les Viets nous en avaient fait une magnifique démonstration début 1954 en effectuant un raid jusqu’à Pak Ou * à 20 km au nord de Louang Prabang alors que nous étions revenus en force à DBP depuis 2 mois.

Fin janvier 1954 les régiments 36 et 88 de la division 308 soit près de 10 000 hommes avec les unités d’appui et qui avaient contourné le camp retranché par le Nord,pénétrèrent au Laos. Ils arrivèrent sur le Mékong après avoir anéanti quelques petits postes tenus par des gardes laotiens (200 km entre le Mékong et DBP). Le groupement du colonel Vaudrey avec 5 bataillons, renforcé par le larguage du 1er Bataillon de Parachutistes Coloniaux, chargé de défendre le Haut-Laos, refusa le combat et se retrancha à Muong Saï à quelques kilomètres au nord de l’axe de progression des Viets.

Mon correspondant actuel, ancien colonel viet qui à cette époque commandait une compagnie du régiment 36 m’assure même que des éléments avaient franchi le Mékong sur des radeaux en bambous et s’étaient retrouvés à 15 km à l’ouest de la capitale du Laos.

Le 10 février, la division 308 recevait l’ordre de rebrousser chemin et de regagner DBP où elle se positionnera vers le 20 à nouveau au nord-ouest du camp retranché pour l’attaque du 13 mars.

Il s’agissait évidemment d’une action de diversion de la part de Giap dont le but devait à l’époque poser des questions à nos états-majors.

Nul doute que si Giap avait voulu prendre Louang Prabang puis se retourner contre la seule garnison importante de Muong Saï et faire tomber tout le Nord Laos, il en aurait eu toute latitude, au besoin en joignant à ses forces, un ou deux autres régiments qui stationnaient autour de DBP ; et ceci alors que nous occupions DBP.

Au premier chapitre du livre “ Mémoires de Guerre, Dien Bien Phu, histoire, impressions, souvenirs” paru à Hanoï cette année en langue française, éditions Thê Gioi, Giap nous éclaire un peu sur cette manœuvre.

Fin janvier, il prenait la décision de différer l’attaque de DBP qui devait débuter suivant le plan qui avait été établi probablement sur l’impulsion des conseillers chinois et qui consistait en une offensive globale et massive du camp français vers la fin janvier, offensive à dominante ouest, coté plaine, pour s’emparer au plus vite du colonel De Castries et de son état-major.

“ Dans la nuit du 25 janvier je ne pus trouver le sommeil ” dit Giap. Pour lui ce plan était trop risqué et contrevenait aux principes édictés par l’oncle Ho. Celui-ci avait prescrit à Giap nommé par le Comité Central du Parti pour prendre à la fois le commandement des opérations à DBP et le “secrétariat du Parti du Front ” et qui était venu le saluer avant de se mettre en route pour la zone des combats futurs: “Attaquez quand vous êtes sûr de la victoire sinon abstenez-vous”. Autrement dit, suivant la doctrine du comité central et du bureau politique appliquée jusqu’à maintenant : “ Choisir la guerre longue et sûre pour la victoire finale ( attaque sûre et progression sûre comme disent les Viets) et non la recherche de la victoire rapide mais risquée (attaque et règlements rapides, disent-ils) ”.

Giap estime donc qu’il faut repousser l’offensive car le plan adopté, c’est-à-dire cette attaque massive et globale qui devrait anéantir le camp retranché en quelques jours n’est pas acceptable. D’autre part, depuis Vin Yen, il appréhende les combats de jour en plaine ( assaut de DBP par l’ouest) pour lesquels ses soldats ne sont pas entraînés, dit-il, eux qui sont rompus aux combats de nuit en montagne. En terrain plat et nu ils sont exposés à l’artillerie et à l’aviation ennemie. C’est pourquoi Giap a toujours différé les offensives pour attaquer et prendre Hanoï depuis 1951 après l’échec de Vin Yen et de Dong Trieu.

Le 26 janvier après cette nuit d’insomnie, Giap prend son bâton de pèlerin et part convaincre d’abord “les experts militaires amis” c’est à dire les conseillers militaires chinois. Le fait qu’il commence sa tournée par eux prouve l’importance que tenaient ces officiers chinois au sein de l’état-major viet dans la conception du plan tactique. La conversation dura une demi-heure au cours de laquelle les Chinois se rallièrent finalement à l'autre tactique qui, dans la dialectique communiste, prend la forme : “attaque sûre et progression sûre”.

Puis ce fut le tour des membres du Comité du Parti du Front qui finirent par admettre que n’étant pas sûr d’une victoire éclair à 100%, il fallait mieux choisir cette alternative “ attaque sûre et progression sûre”.

C‘est alors que les ordres partirent vers le chef d’état-major Hoang Van Thai et au commandement de l’artillerie : “ retirer dès aujourd’hui, à partir de 17 h, nos pièces d’artillerie de leurs positions”. “J’entendis à l’autre bout du fil, dit Giap, la voix de Pham Ngoc Mau, commissaire politique de l’artillerie : vos ordres seront exécutés scrupuleusement. À 14h 30 seulement j’obtins la liaison avec Vuong Thua Vu commandant la division 308 ”. C’était l’ordre à cette unité de se diriger vers le Laos.

Depuis plusieurs semaines en effet et en prévision de cette attaque fin janvier, les Viets étaient en train de mettre en position leurs 24 canons de 105** et leurs 36 canons de 37 de DCA. Tractés par véhicules sur les pistes du Moyen-Pays qui avaient été rendus carrossables entre Yen Bai, Ta Koa et Conoï par des milliers de coolies, le parcours des dernières centaines de mètres de ces armes lourdes devaient être faits à main d’hommes. Des formations de combat en particulier le régiment 57 avaient été affectées provisoirement aux unités d’artilleries pour tirer ces pièces de 105 dans leur réduit respectif (poids d’un obusier de 105 = 1900 kg). Il fallait donc démonter cette manœuvre en cours et repousser l’artillerie à distance pour quelle soit moins exposée en attendant le déclenchement de l’attaque provisoirement ajournée.

La sauvegarde de cette artillerie était capitale pour les Viets et il fallait mettre tout en œuvre pour la protéger de l’aviation ennemie. “ L’apparition de notre artillerie et de notre DCA lui serait une grosse surprise ” dit Giap. “ Nous avons dépêché la division 308, poursuit-il, vers Louang Prabang en la laissant quelque peu à découvert, pour attirer l’aviation ennemie dans cette direction et l’empêcher de gêner nos troupes dans leur repli ainsi que notre artillerie”.

Et ce qu’avait prévu Giap se produisit : Navarre donna la priorité de l’appui aérien au Laos (général Gras, Histoire de la guerre d’Indochine).

C’était la 1ère fois depuis le début de la guerre d’Indochine que les Viets s’apprêtaient à mettre en œuvre massivement et de façon concertée des obusiers de 105 que leur avaient fournis les Chinois. Depuis 1951 le régiment 34 de la brigade artillerie-génie 351 en formation n’en possédaient que deux ou trois pris aux Français et qui servaient à l’entraînement (page 22 du livre “ Le rendez-vous manqué…)
Ils n’avaient pas, semble-t-il, été mis en action dans les grands coups durs depuis 1951, Vin Yen, Dong Trieu, Hoa Binh, Nasan compte tenu de leur masse entravant leur mobilité et de leur vulnérabilité à l’aviation.

Enfin ces attaques erratiques et imprévues du Vietminh comme par exemple ce raid sur le Laos du Nord ainsi que ceux sur le Moyen-Laos à Thakhek et sur le Sud-Laos à Attopeu mettaient en application les directives du Comité central du Parti qui proposait, selon Giap, de disperser les forces françaises d’intervention pour contrecarrer le plan Navarre qui lui au contraire voulait les regrouper en des unités mobiles puissantes.

Conclusions :
-Quand cessera-t-on de répéter inlassablement que l’occupation de DBP barrait l’entrée du Nord-Laos et de Louang Prabang et d’insinuer que Navarre avait choisi la moins mauvaise solution pour exécuter l’ordre qu’il avait reçu de défendre le Laos.
-Celui qui s’est promené dans l’ancien Tonkin sait que c’est un pays où l’on ne barre pas une direction par un point fortifié sur son axe. Un des colonels de l’état-major de Navarre le lui avait pourtant claironné à lui Navarre qui avoue dans son livre qu’il avait été nommé dans ce pays sans rien en connaître.
-Nos généraux, et ceci encore maintenant dans les réunions savantes sur l’Indo, répètent en regardant la carte que DBP verrouille la porte vers Louang Prabang et le Laos comme au cours des siècles, les forteresses de Metz, Toul, Verdun, Sedan barraient les routes vers Paris. “Syndrome de Vauban” de nos généraux et de l’École de guerre ”.


-Autres principes simples enseignés par l’histoire et vieux comme Jules César: aucune forteresse n’est imprenable et la meilleure défense est l’attaque.

Comment interpréter le langage sibyllin et idéologique typique de la dialectique communiste : “ Attaque sûre et progression sûre ” : c’est la tactique que va adopter Giap à partir du 13 mars. Pas d’attaque globale de l’ensemble français mais anéantissement de chaque point d’appui les uns après les autres en gardant comme premier objectif la neutralisation le plus rapidement possible du terrain d’aviation. Vont donc tomber dans l’ordre d’abord les 2 pitons empêchant l’approche du terrain : Him Lam (Béatrice) et Doc Lap (Gabrielle) puis celui qui, le plus élevé, domine tous les autres D1 pour les Viets (Dominique 2 pour nous où de façon incompréhensible, De Castries n’avait placé que 2 compagnies de l’unité la plus faible) ainsi que la colline 501 (Dominique 1 pour nous). Ensuite ce fut le tour de C1 ( Éliane 1) et ainsi de suite pour se terminer par A1 (Éliane 2) et C2 (Éliane 4).
Cette tactique lente et progressive mais sûr qui consistait à faire attaquer par mille à deux mille bodoï à la fois (1 ou 2 bataillons) des pitons tenus généralement par moins de 500 hommes de chez nous, a demandé 52 jours aux Viets.


* Pak Ou est un point stratégique à 20 km au nord de Louang Prabang où la Nam Ou se jette dans le Mékong. Le randonneur y découvre de superbes grottes, sanctuaires Bouddhiques. Un écriteau rappèle le passage de Doudart de La Grée et de Francis Garnier lors de l’expédition Mékong en 1866 dans cette région qui n’avait pas encore été explorée par des Européens et dont il n’existait aucun relevé topographique.

** Il subsiste toujours un doute sur le nombre de canons de 105 en possession des Viets. Les Viets disent 25. Des officiers français prisonniers, ont dit à leur retour qu’ils avaient glané auprès de gradés viets qu’à DBP ils avaient 36 pièces de 105. Le général britannique Peter Macdonald après un entretien avec Giap dit qu’ils en auraient eu 48 ? Pourquoi les Viets cacheraient-ils le nombre exact de leur Canons ? Nous sommes obligés de soulever l’hypothèse que ces 24 pièces supplémentaires si elles existaient, pouvaient appartenir à une unité d’artillerie chinoise au complet à DBP sous uniforme viet ?

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