Dans DST - Police secrète, (Flammarion 1999), Roger Faligot et Pascal Krop écrivent que Jacques Lemaigre-Dubreuil se savait menacé au Maroc. Il demanda à Marc Bergé, alors patron des RG, une protection. En vain.
En 1955, l'industriel et patron de "Maroc-Presse" favorable à l'indépendance du Maroc était un proche de Pierre Mendès France et d'Edgar Faure. Il avait conservé des liens avec les services secrets américains qui s'activaient alors pour l'indépendance du pays. Cette position lui attira la haine des ultras qui voyaient en lui un "bradeur d'Empire".
C'est Roger Wybot à qui Edgar Faure confia l'enquête sur l'assassinat de Lemaigre-Dubreuil. A Rabat, tout le monde se méfiait de tout le monde. L'aviateur Pierre Clostermann avait lui aussi été la cible d'un attentat très semblable à celui qui avait coûté la vie à l'industriel.
Selon Krop et Faligot, les multiples connivences dans la police, la magistrature et les colons ont empêché Wybot de boucler son enquête. Mais pour lui comme pour Bergé, les ultras ont bénéficié de la complicité d'agents du SDECE. (Ils mentionnent un correspondant de la "piscsine", Jo Renucci.)
En août 1955, le commissaire Petitjean, l'ancien directeur adjoint de la DST, est nommé à la tête de la Sûreté par le gouverneur Gilbert Grandval. Son enquête permettra d'identifier les tueurs. Des arrestations eurent bien lieu, parmi lesquelles des personnages que l'on retrouvera dans de nouvelles opérations contre-terroristes. Mais une ordonnace de non-lieu fut rendue par la Justice militaire laissant libre champ aux critiques qui estiment dès cette époque que les groupes ultras hostiles aux indépendances du Maghreb bénéficiaient d'une bien grande mansuétude. (p. 167-168)
Bien cordialement,
RC |