Bonsoir,
Dans le chapitre
"La question juive", l'amiral Auphan écrit:
*** Si l'on avait pu seulement supposer cette "solution finale", il est vraisemblable que la politique de Vichy aurait été différente *** (p. 120)
Vichy savait-il ? Un homme au moins savait. Non seulement il savait mais en outre il approuvait! Cet homme n'était pas n'importe qui! Cet homme était le docteur Bernard Ménétrel, le médecin personnel et le confident de Pétain.
Serge Klarsfeld a découvert dans les archives allemandes une lettre de 1943 dans laquelle le docteur Ménétrel expose toute l'admiration qu'il porte "
à la résolution avec laquelle les Allemands mettent en oeuvre l'élimination des Juifs". (1) (2)
Est-il concevable que le docteur Ménétrel était le seul à savoir ?
Est-il concevable que le docteur Ménétrel, dont l'antisémitisme viscéral était notoire, n'ait jamais fait part à son entourage de son "admiration" pour la "Solution finale" ... alors qu'il prend la peine de prendre la plume pour l'écrire noir sur blanc ?
Bernard Ménétrel a hérité de l'antisémitisme de son père, Louis Ménétrel, médecin lui-aussi, qui refusait de soigner les Juifs. Louis Ménétrel fut, lui-aussi, dès avant la guerre de 14-18, le médecin personnel et l'ami de Pétain. On sait que Pétain vouait une réelle affection au petit Bernard qui accompagnait souvent son père. Lorsque Louis Ménétrel meurt en 1936, c'est tout naturellement son fils Bernard qui prend la relève et devient le médecin personnel et bientôt le confident de Pétain.
Peut-on raisonnablement supposer que Pétain ne fut pas informé par son confident sur le sort probable des Juifs déportés alors, qu'en outre, circulait à Vichy des rumeurs de massacres dans les camps de concentration ?
Bien cordialement,
Francis.
(1) Paul Webster -
"Le Crime de Pétain" p. 85
(2) Marrus et Paxton in
"Vichy et les Juifs" (Le Livre de poche, 1990), donnent la version suivante:
"Son médecin personnel et secrétaire particulier, fils d'un vieux compagnon d'armes, le docteur Bernard Ménétrel, devait dire au représentant officiel de la police allemande, Hagen, en juin 1943, que bien que Pétain insistât pour une solution humaine, lui Ménétrel, "admirait" la résolution avec laquelle les Allemands mettaient en oeuvre l'"extirpation finale" des Juifs.
(Référence citée par Gilles Karmasyn sur un "newsgroup" à l'adresse suivante :