Bonsoir,
Voici ce qu'écrit Julian Jackson, historien britannique et aussi le plus récent des biographes de Charles de Gaulle sur l'attitude du Connétable dans l'affaire de Syrie :
Le premier clash avec la Grande-Bretagne survient en juin 1941 pendant l'opération conjointe franco-britannique contre la Syrie, protectorat français où Pétain a concédé aux Allemands l'utilisation de bases aériennes.
Comme à Dakar en 1940, les forces armées locales, fidèles au gouvernement du Maréchal, résistent vaillamment. Elles ne se rendent qu'au bout de quatre semaines et signent alors un armistice qui mentionne à peine la France libre.
De Gaulle qui voit dans cette manœuvre une "transmission pure et simple de la Syrie et du Liban aux Britanniques", entre dans une colère noire, menaçant de soustraire ses troupes au commandement britannique. Churchill se demande alors "s'il a perdu la boule".
En fait, les griefs gaullistes ne sont pas entièrement injustifiés. L'armistice qui prévoit le rapatriement des soldats de Vichy en métropole l'empêche quasiment de recruter parmi ces hommes des soldats pour la France combattante.(...) Malgré une susceptibilité compréhensible de la part d'un homme que Vichy peut accuser de trahir les intérêts impériaux de la France au profit de l'Angleterre, de Gaulle a tort de soupçonner une machination au sommet de l'Etat anglais pour supplanter la France au Proche-Orient. Si on ne peut nier l'efficacité de sa violente réaction, une réaction mesurée aurait sans doute abouti au même résultat, sans hérisser les Britanniques.
Et l'historien-biographe de conclure joliment :
Pour ce qui est de ses futures relations avec Churchill, de Gaulle a gagné une bataille mais il a failli perdre la guerre...
Une note :
A propos du soutien apporté par Churchill à de Gaulle dès juin 40, Julian Jackson parle (aussi) de la personnalité du Général qui a séduit l'imagination romantique du Premier ministre anglais qui est impressionné par la force de caractère de son hôte d'Outre-Manche lors de leurs premières rencontres.
Pour l'historien anglais, il s'agit d'un geste chevaleresque, au vu de la quasi obscurité d'où est sorti de Gaulle. Il ajoute que Churchill espère voir arriver des Français éminents autour de la France libre. Or, son espoir déçu, il n'abandonne pas de Gaulle.
Cela pour répondre à celles et ceux qui prétendent toujours objectiviser les événements historiques...
Bien cordialement,
RC |