Bonsoir,
Je rejoins ce que disent Jacques et René en ajoutant quelques précisions aux maigres informations que je vous avais déjà communiquées par E.mail. Pour nos lecteurs, je vous confiais que tous les tentatives de liaison entre le BCRA du colonel Passy à Londres et l'AFN avaient échoué. Les rares agents de la France libre, comme Luizet, futur préfet de police à Paris, opéraient depuis Tanger en zone d'influence espagnole. En outre les communications entre Tanger et le Maroc étaient difficiles et entre Tanger et l'Algérie pratiquement impossibles.
Les Britanniques n'étaient guère mieux lotis. Depuis Mers El-Kébir, ils étaient honnis et pourchassés par l'administration française. Les quelques agents de l' IS avaient trouvé refuge en Tunisie, dans des ports secondaires comme Sfax et Gabès où subsistaient des contacts secrets avec Malte et indirectement avec Londres. Ils furent rejoints par quelques français sympathisants du général de Gaulle. (Leurs exploits mériteraient d'être racontés).
D'une manière générale, jusqu'à la veille du débarquement américain, il n'y avait pas en AFN de groupes gaullistes bien structurés mais plutôt des individualités, comme Capitant, le capitaine Alfred Pillafort (ami du commandant Dorange) ou encore les "Cinq", obligés de se cacher pour éviter la répression et qui agissaient avec les moyens du bord. Ils n'avaient que peu de contacts entre eux et à fortiori avec Londres.
Enfin une dernière indication qui conforte l'absence de représentant officiel du BCRA en AFN. Les seuls intermédiaires entre la Résistance algérienne et l'étranger n'étaient pratiquement que les Américains qui, bien sûr, ne favorisèrent pas les contacts avec Londres. Il n'empêche que Robert Murphy gardait le contact avec toutes les tendances possibles comme autant de "jokers" à jouer en fonction des circonstances. La carte "gaulliste" n'était pas absente. Ainsi, fin 41 ou début 42, le Département d'Etat demanda à André Philip, représentant du général de Gaulle à Washington, d'être mis en contact avec les responsables du groupe gaulliste à Alger. André Philip fut contraint de répondre qu'il n'y en avait pas.
Bien cordialement,
Francis. |