Bonjour,
J'aime Alain Rémond ! Je le retrouvais chaque semaine dans "Mon oeuil", sa chronique télévision dans Télérama, et j'ai été touché par ses livres. Il est simple, humain ,drôle et subtil ...Viré de Télérama, le voici donc qui reviens dans Marianne.
Dans ce n° double, il nous offre deux chroniques en une à la mode shampoing deux en un. "Deux chroniques pour le prix de deux" dit-il. Et bien non, en voici une gratuite.
Deuxième chronique : Mortain. Je vous entends d'ici : Quoi ? Qui ça ? Mortain ? Jamais vu ce nom-la. Voyez comme c'est bizarre : moi, quand je lis un article sur le Débarquement, sur la bataille de Normandie, c'est le premier nom que je cherche. C'est même le seul. Mortain, dans le sud du Cotentin, c'est là où je suis né, juste après la guerre. C'est là où vivait ma famille, dans une petite maison, près de la forêt, au moment du Débarquement. Mes parents, mes frères et soeurs m'ont raconté, toute mon enfance, ce qu'ils ont vécu, à Mortain, en août 1944. C'est à Mortain que la division Das Reich, qui remontait d'Oradour, a lancé sa contre-attaque contre les troupes américaines. C'est là qu'ont eu lieu certains des plus durs combats de la bataille de Normandie.Ville prise et reprise. Finalement presque totalement rasée. Mortain, c'est mon Débarquement à moi ! C'est ma Libération à moi ! La maison était exactement entre les lignes allemandes et américaines. Mon frère a eu la peur de sa vie envoyant sortir de la forêt les premiers soldats américains barbouillés de noir. Puis ça a été l'enfer des bombes, des obus. Ma mère blessée. Ma famille épargnée par miracle. Invitée par les Américains à partir sur-le-champ, à pied. N'importe où. Loin d'ici. Cette histoire, c'est la légende familiale. Racontée dix fois, cent fois. Enfants, on jouait à la bataille de Mortain. On se gavait de films de guerre. On cherchait partout, dans les livres d'histoire, le nom de Mortain.
Mon Mortain à moi, c'est un escadron puis un régiment de spahis. Je le cherche aussi à travers les livres et je le trouve souvent. Tiens, je le trouve même à Mortain dans un épisode tragi-comique.
La DB qui vient de débarquer passe à l'ouest de Mortain, prête à parer la contre attaque tout en manoeuvrant pour contourner la résistance allemande et refermer la poche. Les spahis ont été envoyé en éclaireurs pour voir ce qui se passe du coté de Mortain Mais la jeep amphibie de l'adjudant Noël, un spahi rallié en Syrie, tombe en panne. Ils réparent et fonce pour rattraper les copains ... Mais ils foncent si bien qu'en fin de compte ils dépassent tout le monde et la Jeep reçoit un coup de panzerfaust (de Gounod ?) Pas de blessés mais ils sont fait prisonniers et emmenés dans une baraque qui fait office de PC. Les autres spahis on tout vu et une automitrailleuse envoie un obus antichar dans la baraque. Noël et ses hommes profitent de la confusion pour s'enfuir. Tout est bien qui finit bien.
Pas tout à fait en fait parce que ce qui semble parfois oublié dans cette histoire, c'est que Noël transportaient des documents qui donnaient les emplacements de stationnement de la DB (p55 du livre de Pittino) et que le soir même, à Saint James, elle fut bombardée par avions. Bilan 5 tués et 124 blessés au GTD
En fait, chacun à probablement son Mortain personnel et pour Ralph de Butler il semble que ce soit la Corse ! Et bien Ralph, va vite acheter Marianne, là bas en Amérique. Sous le titre
"Les éclaireurs de la libération" c'est de la reconquête de la
Corse que l'on nous parle dans ce n° de Marianne !
Aller les gars, haut les coeurs, Mortain, les spahis FFL, la Corse , ... personne ne les a oubliés !
Amicalement
Jacques