Je vous joins la réponse de mon correspondant, le colonel viet à qui j'ai posé la question le 9 sur la destinée des corps de nos tués en milieu viet. je la transcris tel qu'elle a été reçue sans corriger les imperfections de notre langue en se rappelant qu'il fréquentait le lycée Albert Sarrault d'Hanoï, il y a 58 ans :
"Cher ami.
Je dois faire un grand effort de memoire pour repondre a votre question. Tout d'abord, comme je faisais parti des unites regulieres, avant Dien Bien Phu apres chaque combat nous devrions nous deguerpir au plus vite pour echapper a votre aviation et votre artillerie pour etre dirige vers d'autres cibles. La tache de "remettre en ordre le champ de bataille" etait confiee aux unites regionnales aidees par les unites de "travailleurs civiques", c'est pourquoi je n'avais pas beaucoup d'occasion de voir vos morts apres les combats. Voici quelques souvenirs : quelques jours apres la prise de Dong Khe (18/9/50), ayant l'occasion de monter sur les points d'appui autour de la citadelle afin de trouver des emplacements pour mes mitrailleuses j'avais vu vos morts abandonnes sur place qui se decomposaient (Personnes avaient monte jusqu'a la depuis la fin des combats). Apres le 07/10/50, de Coc Xa a That Khe j'avais passe a cote de vos morts tout chauds le long du chemin; en 1997 ayant l'occasion d'y revenir pour la premiere fois, les gens m'avaient raconte que des averses violentes parfois avaient mis a nu leurs restes, dont ils ne sont enterres que sommairement. Vous m'avez demande qu'est ce que ce que je pense ? Je pense que sur le champ de bataille, sauf quand ils sont forces pour des raisons d'hygiene, les croque-morts des 2 cotes pour diverses raisons, ne faisaient que pour la forme leur devoir d'enterrer les morts ennemis. " |