De la revue "Historama" de juin/juillet 1980, extrait d'un article signé par Dominique Lapierre et Larry Collins.
*** Au moment où de Gaulle débouche sur la place de la Concorde, un coup de feu retentit. A ce bruit comme à un signal, la fusillade éclate de toutes parts. Des milliers de gens s'aplatissent sur le sol ou courent se réfugier derrière les chars et les half-tracks. Le sergent Armand Sorriero, l'Américain qui était allé prier à Notre-Dame avec sa carabine, se cache derrière sa jeep. Risquant un oeil, l'ancien d'Omaha Beach se sent soudain "honteux" de sa frayeur. Droit devant lui, il voit, indifférent à la fusillade, passer de Gaulle, "très raide et très grand". Sorrieno pense alors: "Il se tient droit pour son pays."
De l'autre côté de la place, le lieutenant Yves Ciampi, de la 2e DB a eu la même réaction instinctive que Sorrieno. Il est accroupi derrière un char. Mais soudain il sent le bout d'une canne s'enfoncer dans son dos. Un vieux monsieur distingué le regarde avec un air de reproche et lui dit: "Monsieur l'officier, à votre âge, vous devriez vous lever et aller mettre fin à cette fusillade ridicule."
Sur un char, un tankiste crie: "Bon Dieu, c'est la cinquième colonne!" A ces mots, le tireur du char braque son canon sur la façade de l'hôtel Crillon, compte jusqu'à cinq, et fait feu. Dans un nuage de poussière s'écroule la cinquième colonne de l'hôtel Crillon. ***
NB. Les journaliste Dominique Lapierre et Larry Collins sont les co-auteurs du livre "Paris brûle-t-il ?"
Bien cordialement,
Francis. |