Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, la 1e division légère de la France Libre, que commande le général Koenig, réussit à sortir de vive force de la position de Bir Hakeim sur laquelle, depuis quinze jours, elle résistait aux assauts de Rommel. Cet exploit affirmait, après les victoires de Cub Cub et de Massaouah, le renouveau des armes françaises depuis la délaite de 1940.
L'histoire de la 1e DFL n'est pas celle d'une division comme les autres. Si l'on peut dire que la France n'a jamais cessé de combattre de 1940 à 1943, si de Gaulle a pu mener à bien son entreprise nationale, c'est parce que des volontaires venus d'Angleterre, ralliés de toutes les colonies, évadés de France, ont pu être rassemblés au Moyen-Orient pour former la 1e division française libre. Tous animés par la passion de prouver que la France ne s'identifiait pas au désastre de 1940, ils ont rompu avec les disciplines traditionnelles, et souvent tout quitté, pour aller combattre au premier rang en des jours où la victoire de la Grande-Bretagne paraissait à la plupart une chimère. Pendant plus de deux ans, la 1e DFL est la seule grande unité française engagée aux côtés des Alliés, elle est l'armée de la France au combat. En 1944, entraînée par le général Brosset, elle n'est plus qu'une des huit divisions du corps expéditionnaire français, mais elle réalise le rêve poursuivi depuis quatre ans : elle débarque en France et contribue à la Libération.
Ce livre relate l'épopée singulière de la 1e DFL en Erythrée, dans le désert de Libye, en Egypte, en Tunisie, en Italie, en France, mais aussi son existence difficile au milieu des armées britanniques, sa dramatique campagne de Syrie, ses contacts orageux avec l'armée d'Afrique. Renouvelée par l'incorporation des FFI, elle conservera sa mentalité bien à elle, l'esprit Free French , et restera jusqu'à la fin de la guerre une division pas comme les autres
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Saint-Cyrien évadé de France par l'Espagne, Yves Gras a fait ses premières armes comme jeune lieutenant à la 1e DFL, en Italie et en France. Parachutiste des troupes de marine, professeur à l'Ecole de guerre, il a participé aux campagnes de Madagascar, d'Indochine, d'Algérie et fait de nombreux séjours outremer : Djibouti, Sénégal, Madagascar, Maroc, au Sud-Vietnam au moment de la chute de Saigon, et enfin au Zaïre où il commande, en mai 1978, l'opération aéroportée sur Kolwezi.