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La Légion Française des Combattants

1940-1944 La tentation du fascisme

Jean-Paul Cointet

*** Quelques images de la France de Vichy survivent avec un relief particulier: la poignée de main de Montoire, Pierre Laval et son éternel mégot, et puis ces hommes en uniforme, coiffés du béret, qui figurent toujours aux premiers rangs, le bras tendu pour saluer le Maréchal s'apprêtant à parler devant la foule rassemblée. Au fait, ces hommes que les images des actualités de l'époque nous ont rendu familiers, qui sont-ils ? On ne le sait plus très bien. Des hommes des Chantiers de jeunesse ? Des engagés de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme (LVF) ? Des miliciens ? Ce sont les représentants locaux de la Légion Française des Combattants, les anciens combattants, jeunes encore ou moins jeunes, le plus souvent, mais tous fervents du Maréchal, leur chef à Verdun.***
(extrait de l'introduction du livre de Jean-Paul Cointet)

Lorsque la loi du 29 août dissout les différentes associations d'anciens combattants au profit de la Légion, elle se voit fixer trois missions: créer un mouvement civique rassemblant la totalité des anciens combattants; organiser l'entraide au profit de ses adhérents; mais surtout assurer la collaboration de ses membres à la promotion de la Révolution Nationale. On dira de la Légion qu'elle fut la "courroie de transmission" entre le pouvoir et la population mais également "les yeux, les oreilles et la bouche" du Maréchal.
Rapidement ces trois missions seront confrontées aux évènements de l'époque. Tout l'intérêt de l'ouvrage de Cointet est de nous décrire comment l'histoire de la Légion épousa étroitement l'histoire du régime de Vichy. Si la Légion, à ses débuts, refléta les espoirs et le illusions d'un redressement national s'opérant sous le protection d'un chef vénéré, elle portait déjà en elle tous les germes d'un Etat autoritaire et ses dérives totalitaires: la tentation du fascisme, l'engrenage de la collaboration avec l'occupant, la traque des "ennemis" intérieurs... Et effectivement la Légion engendra le SOL (Service d'Ordre Légionnaire) et enfin la Milice. Vichy s'installait en Etat policier.

*** Créée le 29 août 1940, la Légion française des combattants, qui regroupait les "anciens" de 14-18 et ceux de 39-40 dans une formation unique, fut la plus importante organisation de masse du régime de Vichy. Aucune étude ne lui avait été consacrée; l'ouvrage de l'historien Jean-Paul Cointet, fondé sur des archives inédites, de nombreux mémoires et des témoignages personnels, comble cette lacune.
Née de l'échec de la mise sur pied d'un parti unique, la Légion hérita de cette filiation une vocation d'association étroite au pouvoir. Présente dans presque toutes les communes de la zone libre, elle apparaît comme l'expression la plus spectaculaire d'un "maréchalisme" élevé au rang de culte. Ardente propagandiste de la Révolution nationale, occupant une place fondamentale dans la vie civique et sociale des années 1940-1944, elle connut une popularité fluctuante et des rejets. Une partie de ses membres rejoignirent, au moment de leur création, le Service d'ordre légionnaire (SOL) puis la Milice de sinistre mémoire, tandis que d'autres optèrent pour la Résistance. Étudier son rôle, c'est donc rappeler les engagements multiples et divergents des Français en cette période tragique de notre histoire. ***
(4ème de couverture)

Francis Deleu.

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