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Cinquante idées reçues sur la Shoah - Tome I - Marc-André Charguéraud
La description du sujet




Remarque :

Pour que le Glossaire trouve un sigle, il doit être écrit en majuscules

Pour qu'il trouve un mot, il doit ètre orthographié et accentué correctement

§:c (

 

le Glossaire de Francis a trouvé :


Parti Communiste - PC

R - Résistance (France)
-

Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).

En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")

Dans ce texte :

1944-1946-En Europe de l’Est, le retour des survivants s’est très mal passé de F.Deleu le dimanche 04 avril 2021 à 21h12

Bonsoir,
L’article que Marc-André nous confie, ce mois-ci, décrit le drame trop souvent oublié des survivants juifs de l’Europe de l’Est.
**********************************

1944-1946-En Europe de l’Est, le retour des survivants s’est très mal passé.
Un drame trop souvent oublié.

Qu’ils soient polonais, roumains, hongrois ou slovaques, les survivants des pays libérés par l’armée rouge ont très mal vécu leur retour chez eux. Même dans un pays comme la Bulgarie, dont aucun des 50 000 Juifs n’a été déporté vers les camps allemands, la situation est désespérée. Tous leurs actifs ont été soit confisqués par l’Etat, soit vendus de force. En 1943, toute la population juive des principales villes a été déportée en province dans des ghettos, qui ressemblent fort à des camps de concentration.[1]
Ces centaines de milliers de survivants libérés entre 1944 et 1945 sont presque tous dans un état physique désastreux, moralement très atteints, avec pour seul bien les haillons qu’ils portent. Ils ont souvent perdu leur famille et leurs amis, personne n’est là pour les aider. L’accueil qui les attend dans leur pays d’origine sera pour eux une terrible désillusion. Ils pensaient qu’après les terribles souffrances endurées aux mains des nazis, leurs concitoyens et les autorités de leur pays se porteraient à leur secours. Il n’en est rien. Pire, dans de très nombreux cas l’accueil est hostile. Non seulement ils ne bénéficient d’aucune aide, mais ils sont de nouveau l’objet de persécutions.

Plus ou moins rapidement, dans tous les pays de l’Est, les gouvernements légifèrent pour abolir la législation antisémite, permettant ainsi aux Juifs de retrouver leurs droits légaux. Quelques semaines après la Libération, l’accord d’armistice signé en Hongrie le 20 janvier 1945 rétablit les droits des Juifs.[2] En Roumanie, il faut attendre le 19 décembre, quatre mois après la Libération, pour que le roi Michel 1er abroge les lois discriminatoires contre les Juifs.[3] Il est facile pour les autorités de déclarer que les mesures antijuives sont abolies, mais cela ne les oblige pas à intervenir contre l’attitude antijuive de certains segments de la population et de l’administration, ni à se porter au secours des anciens persécutés. Munis de leurs droits civiques retrouvés, les survivants sont livrés à eux-mêmes.

Mais comment vivre dans des pays où l’antisémitisme reste plus vivant que jamais ? La Pologne est au premier rang. Un rapport officiel de la résistance polonaise envoyé au gouvernement en exil à Londres est direct. «…Le climat est tel que le retour des Juifs est complètement hors de question… Le retour en masse de Juifs serait considéré par la population non pas comme une réintégration, mais comme une invasion contre laquelle ils se défendront, même par des moyens physiques. »[4] L’ambassadeur de Grande-Bretagne à Varsovie Cavendish-Bentinck conclut que le peuple polonais « semble anxieux d’achever ce que les Allemands n’ont pas réalisé. »[5] On ne peut être plus clair.

Dans les autres pays la situation est similaire. En Slovaquie, « après la Libération non seulement la haine des Juifs persiste, mais elle se renforce… lorsque les Juifs demandent qu’on leur redonne leurs droits et leurs propriétés. »[6] Certes tous les gouvernements ont décidé de mesures pour rendre leurs biens aux Juifs.[7] Des mesures très claires, comme cette loi de mai 1945 en Pologne qui prévoit que « toutes les propriétés abandonnées du fait de la guerre seront rendues, à sa demande ou à la demande de ses héritiers, à toute personne pouvant justifier cette démarche. »[8] Ces mesures sont la plupart du temps restées lettres mortes. L’administration chargée de les mettre en œuvre se compose toujours de fonctionnaires ayant fait partie de l’appareil qui a persécuté les Juifs. Les partis au pouvoir repoussent les restitutions dans toute la mesure du possible. Ils ne veulent pas indisposer un électorat dont ils ont politiquement besoin : ceux qui se sont appropriés les biens juifs. Lucretiu Patrascanu, un dirigeant du parti communiste et ministre de la Justice en Roumanie, déclare qu’il est dangereux de s’aliéner tous les gens qui ont profité pendant la guerre de la spoliation des Juifs.[9] Défendre les Juifs n’est pas populaire.

Aucune explication ne peut justifier de telles attitudes. « La famine menace dans les grandes villes dévastées et plus de quinze millions de Polonais, déplacés ou réfugiés, se retrouvent sur les routes pour le plus gigantesque mouvement migratoire qu’aura connu la Pologne ».[10] En Roumanie, après deux années de sécheresse, la famine et le marché noir ravagent le pays. Les Juifs meurent de faim et la communauté juive est incapable de les aider. Dans tous les pays c’est la ruine économique et financière. Ces cataclysmes peuvent justifier l’absence d’assistance, mais en aucun cas un antisémitisme redoublé qui s’attaque aux Juifs de retour.

Le principal rayon de lumière pour ces survivants, comme dans le monde entier, c’est l’admirable organisation caritative juive américaine, le JOINT.[11] « Pendant l’année 1945, le JOINT aida presque tous les 80 000 Juifs de Pologne, assista quelque 90 000 Juifs en Hongrie, 100 000 en Roumanie et 20 000 en Bulgarie », écrit l’historien Malcolm Proudfoot .[12] Le JOINT finance aussi des associations juives nationales comme le Comité central des Juifs de Pologne créé en novembre 1944 ou le Comité démocratique juif de Roumanie, bien qu’il ait été créé par le parti communiste. [13] En Roumanie, le JOINT intervient par l’intermédiaire du Comité International de la Croix-Rouge.[14] Cette aide se met trop lentement en place et reste insuffisante.

Copyright Marc-André Charguéraud. Genève. 2021. Reproduction autorisée sous réserve de mention de la source
________________________________________

[1] Bauer 1989, p. 176.
[2] Braham in Wyman 1996, p. 208.
[3] Ioanid 2000, p. 35.
[4] Cité par Steinlauf in Wyman 1996, p. 101. Hillel 1985, p. 88. Une « association des nouveaux propriétaires » se constitua pour se défendre contre la restitution de leurs biens aux Juifs de retour.
[5] Cité par Kochavi 2001, p. 162.
[6] Cité par Büchler in Bankier 2004, p. 4.
[7] Kochavi 2001, p. 208. En Roumanie le gouvernement annule la législation antijuive, donne aux Juifs l’égalité civile, compense dans la mesure du possible les dommages dont ils ont souffert pendant la guerre, les propriétés juives sont rendues à leurs propriétaires, les employés juifs retrouvent leur emploi dans l’administration.
[8] Cité par Hillel 1985, p. 104.
[9] Radu In Wyman 1996, p. 235.
[10] Hillel 1985, p. 52.
[11] Stark 2000, p. 72. Le JOINT arriva en Hongrie en 1944. Non seulement il aida les survivants à se rétablir mais joua aussi un rôle important dans leur rapatriement.
[12] Cité par Proudfoot 1957, p. 135.
[13] Dobroszycki 1994, p. 6. Ioanid in Braham 1994, p. 172.
[14] Liviu in Braham 1994, p. 293 et 295.

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