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Cinquante idées reçues sur la Shoah - Tome I - Marc-André Charguéraud
La description du sujet




Remarque :

Pour que le Glossaire trouve un sigle, il doit être écrit en majuscules

Pour qu'il trouve un mot, il doit ètre orthographié et accentué correctement

§:c (

 

le Glossaire de Francis a trouvé :


R - Résistance (France)
-

Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).

En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")


Sir (Basil Lidell Hart) - Grande-Bretagne
-

Comme pour le Général Patton, je m'étonne de ne pas trouver mot sur ce grand écrivain, spécialiste des guerres mondiales.

Note : Le glossaire est en chantier permanent ! N'hésitez pas à participer et à déposer vos définitions ou courtes biographies.

FD


USA - United States of America - USA
-

Les Etats-Unis d'Amérique. Quelques auteurs francophiles irréductibles préfèrent utiliser EU (Etats-Unis) ou EUA (Etats-Unis d'Amérique).

Dans ce texte :

La conférence d’Evian : « La Honte absolue » juillet 1938 de Francis Deleu le lundi 04 juin 2018 à 21h43

La conférence d’Evian : « La Honte absolue » juillet 1938

Le sujet est connu mais l'attitude des gouvernements des pays démocratiques dépasse les limites de l'imaginable et cela on n'en parle pas suffisamment. Et c’est bien ce sujet que Marc-André Charguéraud développe dans l’article qu’il nous confie ce mois.

Evian a peut-être été utile à l’administration américaine comme « moyen pratique d’exprimer les désaccords du gouvernement américain » envers le comportement allemand et pousser l’opinion publique américaine vers « une opposition active contre le gangstérisme international » en abandonnant un isolationnisme excessif... Mais cette conférence a encore plus servi Hitler en lui apportant la preuve que l’engagement du monde pour sauver les Juifs était au mieux négligeable. » [1] Hitler l’a bien compris. Il ironise le 12 septembre 1938, à l’occasion d’un discours au rassemblement du parti à Nuremberg, « Ainsi ils (les états démocratiques) estiment que l’Allemagne avec ses 140 habitants au kilomètre carré va continuer à garder ses Juifs sans problèmes, alors que les empires mondiaux des démocraties avec seulement quelques personnes au kilomètre carré ne peuvent d’aucune façon les prendre en charge. En résumé, pas d’aide, seulement le prêche de bons sentiments.» [2]

Le Dantzig Vorpost quelques jours après la clôture de la conférence d’Evian ajoute : « Nous pouvons voir que l’on ne prend en pitié les Juifs que dans la mesure où cette pitié peut servir à monter une agitation perverse contre l’Allemagne, mais aucun Etat n’est prêt à combattre la honte culturelle en Europe centrale en acceptant quelques milliers de Juifs. Ainsi la conférence n’aura servi qu’à justifier la politique allemande contre les Juifs » [3]

Cette conférence a été l’occasion pour l’Occident d’exprimer des positions racistes indignes. Le délégué de l’Australie, le lieutenant-colonel T.W. White, dans un dérapage verbal digne des Nazis, conclut que « l’on comprendra sans doute aussi que, comme nous n’avons pas de problème racial réel en ce moment, nous ne soyons pas désireux d’en introduire un chez nous. » Et son collègue de Nouvelle-Zélande de lui faire écho en ajoutant : « Toute personne qui n’est pas de naissance et de sang britannique doit faire une demande au ministère des douanes. » Un commentaire plus subtil mais tout aussi révoltant du délégué péruvien va dans le même sens. Il justifie ses propres restrictions à l’immigration en se référant à la législation raciste américaine des années 1921 et 1924, qui a permis depuis de défendre l’héritage nordique et la race anglo-saxonne. [4]

Lorsque, le 25 mars 1938, Roosevelt convoqua cette conférence internationale, il en fixa le but : faciliter l’émigration d’Allemagne et d’Autriche des réfugiés politiques. Il faut entendre par là principalement les réfugiés juifs. La conférence fut un fiasco total, comme l’écrivit brutalement un journaliste de Newsweek : « Le président Myron Taylor, ambassadeur représentant les Etats-Unis, ouvrit la conférence. Le moment est venu où les gouvernements (...) doivent agir rapidement. La plupart des gouvernements agirent rapidement en claquant la porte aux réfugiés juifs. » [5] Evian fut la tribune où l’Occident annonça au monde désorienté l’abandon motivé des Juifs du Reich à leurs tortionnaires nazis.

L’un après l’autre les représentants des démocraties européennes vinrent dire qu’elles avaient déjà accueilli trop de réfugiés et que dorénavant c’était ailleurs qu’ils devaient aller. Pour Lord Winterton, l’Anglais, « les réfugiés devraient un jour ou l’autre se rendre dans un pays d’établissement définitif situé outre-mer. » Pompeux, le sénateur Béranger, qui représentait la France, déclara qu’« il est dans la logique de l’histoire humaine qu’aujourd’hui l’initiative et les ressources de ces nouveaux mondes soient offertes (...) à ces nouveaux essaims de réfugiés (...).» Plus vague, de Foy, le délégué belge, ajoutait : « ils (les Anglais et les Français) ont affirmé comme nous une saturation de l’immigration avec, il est vrai, un espoir de trouver avec patience des débouchés dans certains territoires d’outremer. » Le Suédois, Engzell, fut plus direct, pour lui « si l’on veut obtenir des résultats féconds, il faut arranger une émigration dirigée vers des pays en dehors de l’Europe. » [6]

Le haut-commissaire aux Réfugiés, Neill Malcolm, réaliste, conclura « qu’en pratique il n’y a aucune possibilité en ce moment pour une émigration à grande échelle. » [7] Quoi de surprenant ? Dans son invitation, Roosevelt n’avait-il pas spécifié « qu’il ne serait demandé à aucun pays de recevoir un plus grand nombre d’immigrants que celui permis par les lois existantes. » [8] Fort de cette assurance, chaque pays put se retrancher derrière une abondante réglementation restrictive et s’il en manquait, il s’empressa de légiférer.. Là où la porte restait entrebâillée, elle fut fermée et verrouillée. [9]

Pour s’assurer un maximum de participants à la Conférence, Roosevelt avait ajouté, en lançant son invitation, « que le financement de l’installation des réfugiés restera la responsabilité des organisations privées. » [10] La motion de clôture d’Evian insista sur ce point comme si l’un quelconque des participants avait pu l’oublier. « Les gouvernements des pays de refuge ou d’installation ne seront en aucune façon responsables d’une quelconque obligation de financer l’émigration involontaire. » [11]
Aucun engagement d’admettre un réfugié supplémentaire, ni de dépenser un franc de plus : on peut se demander quelle était la raison d’être de la Conférence. Croire encore en 1938 que Hitler financera le départ des Juifs relève de l’inconscience, on ne le répétera jamais assez. Alors que penser des plus hautes autorités occidentales qui persistent dans une demande aussi peu raisonnable ? Sont-elles sincères ou, en se cachant derrière des déclarations morales, n’essaient-elles pas de calmer par des faux-fuyants une opinion publique choquée qui demande d’agir sans rien céder ?

Quelques jours avant la réunion d’Evian, Sir Neville Henderson, l’ambassadeur anglais à Berlin, estimait que « la meilleure politique pour le délégué anglais à Evian était de faire dépendre l’arrivée de Juifs allemands ou autrichiens en Angleterre du montant des avoirs qu’ils pourraient emmener. Une telle politique inciterait le gouvernement allemand, qui a le plus grand désir de se séparer de ses Juifs, de relâcher ses lois sévères sur l’exportation des capitaux. » [12] Quelques mois plus tard, le 5 octobre 1938, Roosevelt écrivait à Chamberlin sur le même thème : « Il semblerait raisonnable de penser que le gouvernement allemand assistera les autres gouvernements confrontés par ce problème, en relâchant suffisamment la pression sur ces personnes (les émigrants du Reich) pour permettre une émigration organisée leur permettant d’emmener avec elles un pourcentage raisonnable de leurs avoirs. » [13]

Tous ne parlent que de capitaux que les Juifs pourraient transférer. Est-ce à dire que l’Occident abandonne les Juifs les plus nombreux, ceux qui ne possèdent pas de capital ? L’Occident n’envisage-t-il de sauver que les riches ? Non, à en croire ce que répètent tous les chefs d’état, imités par tous les délégués à Evian. Si aucun juif réfugié ne doit tomber à la charge de l’état, tous les financements nécessaires pour les plus démunis seront assumés par les organisations privées, évidemment juives pour la plupart. Or elles n’ont même pas été invitées à Evian ! On décidera pour elles...Et elles n’auront plus qu’à régler la facture !

Que décide une Conférence qui veut se survivre ? Elle crée un comité. C’est ainsi que naquit le fameux Comité Intergouvernemental. Après la guerre, le sous-secrétaire d’état américain de l’époque écrivit : « Le comité aurait pu être responsable de succès exceptionnels avant et pendant les années de guerre mais... les résultats ne dépassent guère zéro. Le gouvernement des Etats-Unis lui-même permit au comité de devenir une nullité. » [14] Comment aurait-il pu en être autrement ? Les délégués à la Conférence confiaient à l’ IGC le problème qu’ils avaient longuement discuté, mais auquel ils avaient été incapables d’apporter le moindre début de réponse : «approcher les gouvernements des pays de refuge pour augmenter les possibilités d’établissement permanent de réfugiés et persuader le gouvernement allemand de coopérer pour établir des conditions d’émigration ordonnées et en particulier convaincre les nazis de permettre le transfert du Reich d’un montant raisonnable des propriétés des réfugiés.» [15] Une mission impossible.

Samuel Niger, un journaliste yiddish qui vécut à New-York, a des mots terribles : « On avait souvent l’impression que ce n’était pas une conférence des nations puissantes, mais plutôt une réunion bien tranquille de philanthropes mesquins et sans cœur, dont chacun pensait que c’était à l’autre de donner et que lui-même avait déjà fait son devoir. » Constatant que ces 32 pays n’avaient pas pu s’engager dans une politique concertée d’accueil aux réfugiés, il concluait que cette conférence n’avait été « qu’une provocation diabolique des nazis : que tout le monde voie à quel point les démocraties sont impuissantes, que tout le monde comprenne une fois pour toutes qu’elles ne savent que parler et ne peuvent agir en rien. » [16] Moins polémique, le jugement que porte le New-York Times tire une sonnette d’alarme angoissante sur l’incapacité généralisée des Occidentaux: « Lorsque 32 nations qui se disent démocratiques ne peuvent tomber d’accord sur un plan qui vise à sauver quelques centaines de milliers de réfugiés, tout espoir disparaît de les voir s’entendre sur quoi que ce soit. » [17]

Au-delà des statistiques et de la faillite de ces montages politiques, les gouvernants occidentaux semblent ignorer les drames humains sur lesquels ils se penchent. Des centaines de milliers de damnés du IIIème Reich ont cru chaque jour que la Conférence d’Evian, puis l’IGC, allaient abréger leurs souffrances et les sauver. Or ils ont vécu un espoir dont l’existence même n’était qu’une illusion, une tromperie. Peut-on jouer ainsi avec les tourments d’autrui ? C’est odieux, et l’excuse des bons sentiments est inacceptable. Anne O’Mc Cormick, éditorialiste du New-York Times, exprime ce côté dramatique du théâtre absurde qui prit place sur les bords du lac Léman puis à Londres, siège de l’IGC : « On a le cœur brisé à la pensée de ces queues d’êtres désespérés aux abords de nos consulats à Vienne ou dans d’autres villes, attendant avec impatience ce qui va arriver à Evian.» O’Mc Cormick va plus loin et ajoute : «La question qu’ils mettent en évidence n’est pas seulement humanitaire....C’est un test de civilisation. L’Amérique peut-elle vivre repliée sur elle-même, et laisser l’Allemagne s’en tirer avec sa politique d’extermination, permettre le fanatisme d’un homme de triompher sur la raison, refuser d’engager la bataille contre la barbarie ? » [18]


[1] Lipstadt, Deborah, Beyond Belief, The American Press and the Coming Holocaust, The Free Press, a division of MacMillan, New York 1986. p. 91 citant Times et Newsweek.
[2] Friedländer, Saul, Nazi Geremany and the Jews, Volume 1, The Years of Persecution, 1933-1939- Harpers& Collins , New York 1997. p. 249 citant Hitler Rede und ProklamationenVolume 2 p. 899.
[3] Fein, Helen, Accounting for Genocide, National Response and Jewish Victimization during the Holocaust, New York Free Press, New York 1979. p. 167
[4] Actes du Comité Intergouvernemental, 6-15 juillet 1938 à Evian .
[5] Wyman, David, Paper Walls, American and the Refugee Crisis, 1938-1941, Pantheon, New York 1985, p. 50
[6] Actes du Comité Intergouvernemental - Op.Cit.
[7] Strauss, Herbert A. (direction) Jewish Immigrants from the Nazi Period in the USA ,K.G.Saur, New York 1992. p. 335.
[8] David Wyman, Op. Cit. p. 43.
[9] Feingold, Henry, The Politics of Rescue, The Roosevelt Adminstration and the Holocaust, 1938-1945, Rutgers University Press, New Brunswick 1972. p. 99 - Donne la liste des pays et les dates auxquelles de nouvelles restrictions sont entrées en vigueur.
[10] Sherman, Ari, Johsua, Island of refuge, Britain and Refugees from the Third Reich, 1933-1939, Paul Elek, Londres 1973. p. 123
[11] Strauss Herbert A. Op. Cit. p. 364
[12] ShermanAri Johsua, Op. Cit. p. 113.
[13] Feingold Heney, Op. Cit. p. 39.
[14] Wyman David, Op. Cit. p. 51.
[15] Wyman David, Op. Cit. p. 50.
[16] Weinberg, David, Les Juifs à Paris, 1933-1939, Calman-Lévy, Paris 1974. «Parizer Haint» du 16 août 1938. p. 220
[17] Hassler Alfred, The life Boat is full, New York Funk and Wagnalls, La Suisse terre d’asile, La politique de la Confédération envers les réfugiés de 1933 à 1945. Lausanne. 1971. p. 38 citant le «New York Times»
[18] Levin, Nora, The Holocaust Years, The Nazi destruction of European Jewry, 1933-1945, Robert Krieger, Malabar Florida 1990. McCormick, éditorialiste du «New York Times » p. 28.

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