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Silences meurtriers - Survivre - Tous coupables ? - Marc-André Charguéraud
La description du sujet




Remarque :

Pour que le Glossaire trouve un sigle, il doit être écrit en majuscules

Pour qu'il trouve un mot, il doit ètre orthographié et accentué correctement

§:c (

 

le Glossaire de Francis a trouvé :


pogrom
-

En Europe de l'est,un pogrom est l'ensemble des actes de violence exercés, dans un laps de temps relativement bref, par tout ou partie d'une population à l'encontre de sa composante juive. Il est soit spontané (et dans ce cas les autorités laissent faire), soit provoqué par les dites autorités (avec la participation de la police: manipulation par le biais des Cent Noirs par exemple; voire participation de l'armée:sotnias cosaques en particulier)
Entre 1880 et 1921, on recense environ 1.230 pogroms qui font 60.000 morts.
L'éventail des violences est assez large (et permet même d'établir un classement entre pogrom "majeur" et pogrom "mineur"):extorsion de fonds: pillage des biens meubles; saccage et incendie des échoppes, des magasins, des habitations; saccage et incendie des synagogues; "passages à tabac", actes de cruauté et de barbarie; viols et meurtres...

Voir aussi "Nuit de Cristal".


R - Résistance (France)
-

Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).

En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")


Yad Vashem
-

Institut pour le souvenir des martyrs et des héros de la Shoah. Créé en 1953, une des tâches de l'institut fut de reconnaître les non-Juifs qui, au péril de leur vie, ont sauvé des Juifs des pays occupés sous la botte nazie et leurs acolytes. Une commission de droit public fut créée dans le cadre du Yad Vashem pour décider, d'après les témoignages et les documents présents, si les candidats répondaient aux critères de reconnaissance.
La personne (physique ou morale) reconnue est honorée du titre de "Juste parmi les nations".

Dans ce texte :

Le primat de Pologne «chrétiennement antisémite» de Francis Deleu le jeudi 02 septembre 2010 à 12h44

Cet article que André Charguéraud nous autorise à publier – et nous l’en remercions - fait partie d’une série qui a pour titre : La Shoah Revisitée – Préjugés, vérités toutes faites, idées reçues, non-dits.

********************

Le primat de Pologne «chrétiennement antisémite»

Un antisémitisme meurtrier a contribué à rendre la Pologne « Judenfrei »


Nous sommes le 29 février 1936, Adolf Hitler est chancelier du Reich depuis trois ans. Ce jour-là le cardinal August Hlond, primat de Pologne, dans une lettre pastorale, dénonce le caractère satanique des Juifs. « Il est vrai que les Juifs commettent des fraudes, pratiquent l’usure et la traite des blanches. Il est vrai que du point de vue religieux et éthique, l’influence à l’école de la jeunesse juive sur la jeunesse catholique est généralement satanique ... Il est vrai que les Juifs se battent contre l’église catholique, qu’ils sont libres penseurs et constituent l’avant-garde de l’athéisme, du bolchevisme et de l’activité révolutionnaire. »[1]

Après avoir traîné les Juifs aux gémonies, le cardinal tente de se démarquer des pratiques nazies : « Je mets en garde contre les principes antijuifs fondamentaux et inconditionnels importés de l’étranger (du Reich) ». Vous pouvez boycotter leurs magasins, vous devez refuser leurs publications antichrétiennes, mais « il n’est pas permis de s’en prendre aux affaires juives, de détruire leurs marchandises, de casser leurs vitres ou de démolir leurs maisons ». [2] Hlond aurait dû ajouter qu’il condamne aussi les pogroms meurtriers. La Pologne a sur ce plan une grande longueur d’avance sur l’Allemagne avec des centaines de victimes juives entre 1935 et 1937. [3]

Le cardinal conclut : « Un problème juif existe et il existera tant que les Juifs resteront juifs ». Traduisez : « Tant qu’ils ne se seront pas convertis au catholicisme ». Le prélat se réclame de la grande tradition romaine. La reconnaissance du Christ sauveur et le baptême rédempteur des Juifs sont la seule solution au « problème juif ». Pour Hitler un juif converti, bien que de religion catholique, n’en reste pas moins de race juive. Les théologiens chrétiens ont sans relâche combattu cette position.

Le Primat de Pologne vient de stigmatiser violemment les Juifs. Comment s’étonner alors que la communauté catholique se déchaîne ? En 1936, un périodique jésuite prêche la ségrégation des nouvelles générations : « On doit laisser les Juifs vivre, mais ils doivent être éliminés de la vie de la société chrétienne. Il est nécessaire de leur donner des écoles séparées (...) pour que nos enfants ne soient pas infectés par leur moralité douteuse. » Une résolution allant dans ce sens est adoptée par le synode des évêques polonais. [4]

Les prêches pendant les offices religieux, les propos murmurés dans le secret du confessionnal, les paroles prononcées au cours des retraites, les textes publiés dans la bonne presse multiplient les messages antisémites de la hiérarchie catholique. La masse des fidèles reçoit d’autant mieux ces messages que l’atmosphère qui les entoure est déjà chargée d’une aversion ancestrale pour tous les étrangers et pour les Juifs en particulier. C’est ce qu’exprime avec cynisme le directeur des nationalités au ministère de l’Intérieur au début 1936, lorsqu’une délégation de Juifs polonais se plaint des appels aux pogroms : « Tout le monde est aujourd’hui antisémite en Pologne. Nous ne pouvons pas assigner un policier à chaque Juif et nous n’avons pas l’intention de pendre nos jeunes parce qu’ils sont antisémites. » [5]

Dans l’enthousiasme sans retenue de l’adolescence, des jeunes dépassent les bornes placées par Hlond et appellent à l’élimination pure et simple des Juifs de Pologne. A la fin 1936, plusieurs milliers d’étudiants en pèlerinage au monastère de Czestochowa font solennellement le vœu de « transformer la nation polonaise en un Etat purement catholique (...) et de n’avoir de cesse que le dernier Juif soit chassé de Pologne mort ou vif ». [6] Ils sont encore plus de trois millions qui vivent dans le pays !

Devant ce que l’on doit qualifier de « dérapages inacceptables », le Vatican n’aurait-il pas dû rappeler Hlond à l’ordre ? Certainement, mais à l’époque l’attitude de Rome à l’égard des Juifs n’est pas très éloignée de celle des catholiques polonais. A l’exemple de l’encyclique Humani Generis Unitas que fit préparer Pie XI avant de mourir en février 1939 et qui ne fut jamais publiée. On y lit que « l’Eglise n’est pas aveugle aux dangers spirituels auxquels les âmes sont exposées par le contact avec les Juifs (...) et n’ignore pas le besoin de protéger ses enfants contre la contagion spirituelle ». [7] Ce passage de l’encyclique amène le père Johannes Nota S.J. à s’exclamer à propos de l’encyclique : « Dieu soit loué que ce brouillon soit resté un brouillon ! » [8]

En septembre 1939, à la suite de l’occupation allemande, le cardinal se réfugie au Vatican. Après la guerre il reprend ses fonctions à la tête de l’Eglise catholique polonaise. Entre temps plus de 3 millions de Juifs polonais sont morts. 50.000 survivants reviennent des camps où ils ont été enfermés ou des forêts où ils se sont cachés, décharnés et dépourvus de tout. Ils sont rejoints par plus de 250.000 coreligionnaires de retour d’Asie centrale russe où les soviets les ont déportés en 1940-41. Ne pouvait-on pas les laisser vivre en paix ? « Nous avions échappé à mille périls et tout recommençait », explique un témoin juif. [9]

La Pologne catholique ne change pas d’attitude à l’égard de ces «revenants». Pour elle, des intrus dont il faut se débarrasser. L’antisémitisme meurtrier l’emporte tant la société en est infectée. Il suffit de lire un article paru déjà le 20 janvier 1942 dans The Nation, le journal des Démocrates Chrétiens, pour comprendre son enracinement : «...La situation rend impossible d’accepter le retour des Juifs à leur position privilégiée sans exposer le pays à de graves soulèvements ... Nous devons annoncer ouvertement que non seulement nous refusons de restaurer les droits politiques et patrimoniaux des Juifs, mais que nous voulons qu’ils partent tous de notre pays. » Et ce même parti démocrate chrétien d’insister en 1944 : « Le problème juif doit être résolu par une émigration graduelle des Juifs qui après la politique allemande d’extermination sont encore en vie... Le point de départ sera la confiscation par l’Etat des propriétés juives sans héritiers ...» [10]

Les pogroms se multiplient. Le plus violent a lieu à Kielce le 4 juillet 1946. Une foule déchaînée de plus de 5 000 personnes bat à mort 46 Juifs, une centaine sont gravement blessés. Les cadavres sont sauvagement mutilés. [11] Trois jours seulement après les événements de Kielce, six Juifs qui se trouvent à bord d’un train allant de Varsovie à Bialystok sont assassinés. Près de Lublin les terroristes tendent une embuscade à un train de voyageurs. Cinq soldats de l’armée rouge et trois passagers juifs sont exécutés. Le lendemain ce sont quatorze Juifs qui subissent le même sort dans un train entre Katowice et Wroclaw. [12] Aux centaines de victimes juives des années de l’avant-guerre succèdent les milliers de morts de l’après-guerre. De 1944 à 1947, 1500 à 2000 Juifs sont assassinés. [13]

Loin de ramener ses fidèles à la raison, le cardinal Hlond justifie ces meurtres. Interrogé par des journalistes après le pogrom de Kielce, il explique que le peuple polonais est aigri parce que « les Juifs occupent les postes les plus importants du gouvernement et ont introduit un régime qui était contraire aux intérêts de la majorité…. Dans la lutte fatale qui se produit sur le front politique en Pologne il est regrettable que des Juifs aient à payer de leur vie ». Un mois plus tôt il déclarait : « Les Polonais ne tuent pas les Juifs en tant que Juifs mais simplement réagissent au meurtre de la population chrétienne par un gouvernement communiste dirigé par des Juifs ». [14] Et pourtant le seul ministre juif était Hilary Minc, ministre de l’Industrie et du Commerce.

En fait Hlond est avant tout animé d’un antisémitisme virulent qu’il cache ici par des considérations politiques. Le Jewish Chronicle du 19 juillet 1946 ne s’y trompe pas, lorsqu’il écrit : « Justifier les meurtres des Juifs sous prétexte que les Juifs sont au gouvernement équivaut à absoudre les meurtriers ».

Il faut être conscient que l’antisémitisme militant du peuple polonais, ses évêques en tête, a permis de parachever le massacre de 3 000 000 de Juifs pour rendre la Pologne « Judenfrei » (libre de tout Juif) suivant la prophétie de Hitler. En multipliant les violences meurtrières, en rendant la vie économiquement et socialement impossible aux Juifs, cet antisémitisme les a forcés à fuir. Aujourd’hui le pays ne compte pas plus de quelques milliers de Juifs sur les 300 000 qui ont survécu et espéraient pouvoir mener de nouveau une vie normale dans le pays de leur naissance. [15]


[1] GILBERT Martin, Atlas de la Shoah, Editions de l’Aube, Paris, 1992, p. 21. HELLER Celia H, On the Edge of Destruction, Jews of Poland Between the Two World Wars, Wayne State University Press, Detroit, 1994, p. 113.
[2] Ibid..

[3] GUTMAN Ysrael, MENDELSOHN Ezra, REINHARZ Jehuda SHMERUK Chone, The Jews of Poland Between two World Wars, University Press of New England, 1989, p. 105.

[4] HELLER, op. cit. p. 110

[5] KORZEC Pawel, Juifs de Pologne, La Question juive pendant l’Entre-deux-Guerre, Presses de la Fondation nationales des Sciences politiques, Paris, 1980, p. 248

[6] MARCUS Joseph, Social and Political History of the Jews in Poland, 1919-1939, Mouton Publishers, New York, 1983, p. 356.

[7] ZUCCOTTI Susan, Under His Very Windows : The Vatican and the Holocaust in Italy, Yale University Press, Newhaven, 2000, p. 32
[8] Ibid., p. 205.

[9] HILLEL Marc, Le massacre des survivants. En Pologne après l’Holocauste (1945-1947) . Plon, 1985, p. 175.

[10] DOBROSZYCKI Lucjan, The Jewish Community in Poland 1944-1947. A Discussion on Postwar Restitutions, in She’erit Hapletah 1944-1948. Rehabilitation and Political Struggle. Proceedings of the Sixth Yad Vashem International Historical Conference, Yad Vashem, Jerusalem, 1990, p. 4 et 5.

[11] STEINLAUF Michael, Poland, in WYMAN David éd., The World Reacts to the Holocaust, The John Hopkins University Press, Baltimore – Londres, 1996, p. 112. BAUER Yehuda, From Diplomacy to Resistance : A History of Jewish Palestine, 1930-1945, The Jewish Publication Society of American, Philadelphia, 1970, p. 206.

[12] HILLEL, op. cit. p. 305.

[13] STEINLAUF, op. cit. p.112. MANKOWITZ Zeev W., Life between Memory and Hope. The Survivors of the Holocaust in Occupied German, Cambrige University Press, 2002, p. 18.

[14] HILLEL, op. Cit. p. 317. HYMAN Abraham S., The Undefeated, Gefen Publishing House, Jerusalem - Hewlett NJ, 1993, p. 184.

[15] DELLAPERGOLA, World Jewish population 2002, in American Jewish Yearbook, New York 2002.

Copyright Marc-André Charguéraud. Genève. 2010

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