le Glossaire de Francis a trouvé : - | Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).
En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")
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Zone - Résistance (France) |
- | En zone Nord occupée, les régions étaient désignées par les lettres:
P : région de Paris.
A : région d'Amiens.
B : région de Bordeaux.
C : région de Châlons-sur-Marne.
D : région de Dijon.
M : Région de Le Mans.
En zone Sud, les régions étaient désignées par la lettre R suivie de 1 à 6.
(voir "R")
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Dans ce texte : Les deux aspects d'un même "problème" de Nicolas Bernard le lundi 16 août 2010 à 10h50Vous écrivez, et je vous l'accorde, que Hitler a réussi à créer un "problème juif" au niveau mondial, qui est celui de l'immigration des Juifs, ce qui n'est, effectivement, pas la même chose que sa propre vision du "problème juif", telle qu'il la résumait en 1919-1920 : "Le Juif qui apporte avec lui la démocratie a pour but ultime de dominer les peuples. Par conséquent, le Juif, cette sangsue, doit être exterminé." (cité in Werner Maser, Hitlers Briefe und Notizen. Sein Weltbild in handschriftlichen Dokumenten, Stocker, 2002, p. 238 - merci à Gilles Karmasyn d'avoir déniché cette précieuse référence)
Or, ces deux "problèmes" sont profondément, inextricablement liés, puisque ce qu'attend Hitler, c'est, d'une part, d'alimenter l'antisémitisme dans les pays étrangers, en grossissant les flux de l'immigration juive en période de crise économique, d'autre part de conduire ces mêmes pays étrangers à fermer leurs portes à ces réfugiés (la presse nazie, dans les années trente, va ainsi s'empresser de le faire observer). Ces deux conséquences de sa politique d'émigration contraignent la communauté internationale à se pencher sur le "problème" des réfugiés juifs du Reich, lequel, par l'effet de la guerre que le Führer a l'intention de déclencher en 1939 (et pas avant), deviendra celui des Juifs européens. Bref, le "problème" de l'immigration juive est un moyen de créer les circonstances favorables à une "solution" de la Judenfrage telle qu'elle est définie par le dictateur nazi.
C'est l'essence même de la manipulation : compromettre étape par étape ceux dont on veut s'assurer la complicité. Mais il faut d'abord insuffler à ces Etats étrangers l'idée de résoudre un "problème", et le fait que la Suisse, en 1938, raisonne en ces termes, c'est à dire aille jusqu'à participer à l'emballement de la législation nazie antisémite cette même année, est à mes yeux une preuve que le calcul de Hitler a réussi, au moins dans ses premières phases. Pas besoin, à cette période, d'accélérer le mouvement et de proposer une déportation généralisée : il suffira d'attendre l'heure où l'Allemagne sera définitivement en position de force en Europe.
Une autre preuve de cette réussite hitlérienne réside dans le fait que plusieurs leaders européens projettent une "solution territoriale" intéressant les communautés juives de leurs propres pays. C'est à ce titre que je citais le cas polonais.
"Je ne sais donc pas s’il faut accorder sa compromission au crédit du Führer", écrivez-vous à propos de la Pologne et de ses intentions de transférer les Juifs à Madagascar en 1936. Je vous l'accorde, Varsovie semble avoir conçu ce projet de sa propre initiative (voir à ce titre Magnus Brechtken, Madagaskar für die Juden. Antisemitische Idee und politische Praxis. 1885-1945, Oldenburg Verlag, 1998, p. 81-97). Mais le fait qu'un Etat souverain, qui flirte avec le Reich depuis 1934, ose pour la première fois énoncer très sérieusement une telle "solution territoriale" dans la seconde moitié des années trente constitue-t-il une coïncidence ?
Pour rappel, lorsqu'il avait été question, pour la Pologne, d'acquérir une colonie ultramarine en 1926, en l'occurrence Madagascar, il était simplement envisagé d'y envoyer des colons, pas d'en faire une zone d'accueil pour une émigration juive. Quels événements ont donc bien pu conduire les dirigeants polonais à concevoir une telle opération ? Ce programme malgache ne s'inspirerait-il pas d'une certaine politique nazie d'émigration/expulsion des Juifs d'Allemagne ? Autrement dit, Varsovie aurait-il seulement imaginé ce plan si Hitler n'avait pris le pouvoir en Allemagne en 1933 ?
Le fait est, également, que le "projet Madagascar" a suscité l'enthousiasme dans certains autres pays, tels que la Roumanie, ou Alexandru Cuza, alors Ministre du Gouvernement Goga, déclare sereinement au New York Times, le 21 janvier 1938, que les Juifs de Roumanie doivent tous quitter le pays, et que Madagascar peut s'avérer une "destination convenable".
En toute hypothèse, pas besoin de voir dans ces deux cas une proposition hitlérienne. Il suffit que le Führer crée un précédent, et que ce précédent trotte dans des têtes bien placées dans divers gouvernements. Imaginez à présent l'Allemagne au second semestre 1940, après avoir vaincu la France et la Grande-Bretagne, et devenue puissance maîtresse du continent européen en attendant la conquête de l'U.R.S.S. l'année suivante : quel gouvernement se serait opposé à une "solution territoriale" de la Judenfrage à l'échelle continentale, sachant qu'une telle opération camouflait un génocide devant être perpétré sur une durée plus ou moins longue ? *** / *** |