le Glossaire de Francis a trouvé : - | Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).
En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")
|
Dans ce texte : Etat fort et bouteilles d'alcool de Nicolas Bernard le mercredi 16 décembre 2009 à 19h41> Pétain n'était pas animé de haine contre les Juifs. Tout
> l'histoire prouve en effet qu'il ne l'était pas plus que
> la grande majorité des Français, encore trés catholiques
> à cette époque là et pour qui les Juifs "avaient crucifié
> Jésus"...
Bref, tout va bien, Pétain n'a fait que traduire en actes l'inconscient collectif...
> Ensuite les "affaires" Dreyfus, Stavinsky et quelques
> autres avaient jeté un voile trouble sur la communauté.
Quel rapport entre Dreyfus, officier exemplaire frauduleusement accusé de trahison à la fin... du XIXème siècle, et l'escroc Stavisky ? Ces deux affaires ne sont en rien comparables : la première met en jeu les droits de l'homme qui va plier l'extrême droite, la seconde est un scandale politico-financier dont va se régaler cette même extrême droite.
> Et dis et répété qu'en Juillet 40, le gouvernement qu'il
> présidait avait d'autres problèmes à résoudre, dont celui
> de la récupération des 2.000.000 de prisonniers.
Comme vous l'écrivez, le régime de Vichy a su cibler ces préoccupations, puisque Pétain, dans son discours du 13 août 1940, évoquera ces mesures extrêmement urgentes "que nous avons prises ou qui sont déjà envisagées pour rouvrir à la France meurtrie les portes de l’avenir : épuration de nos administrations, parmi lesquelles se sont glissés trop de Français de fraîche date ; répression de l’alcoolisme, qui était en train de détruire notre race ; encouragement à la famille, cellule essentielle de la société et de la patrie ; réforme de l’instruction publique, en vue de la ramener à sa fonction éducatrice et à son rôle national". Ouais, effectivement, avant de panser les plaies, épurons l'administration et virons les bouteilles d'alcool !
> Ensuite, anti-républicain ? C'est sans doute pour celà
> qu'il charge d'éminents juristes de préparer une
> nouvelle... Constitution de la République et qu'il
> déclare que dès la Paix revenue, ou si un malheur lui
> arrivait, il confierait cette Constitution au vote de...
> L'Assemblée Nationale (Chambre des Députés - Sénat)
Le 10 juillet 1940, les deux Chambres du Parlement, réunies en Assemblée nationale, donnent "tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l'autorité et la signature du maréchal Pétain, à l'effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l'État français. Cette constitution devra garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. Elle sera ratifiée par la Nation et appliquée par les Assemblées qu'elle aura créées."
Cependant, alors que le 1er acte constitutionnel de l'Etat français date du 1er juillet 1940, aucun ne sera soumis à ratification nationale. Dès lors, les actes officiels régime de Vichy qui prend "officiellement" le pouvoir le 10 juillet 1940, sont juridiquement nuls.
Par la suite, en 1943, Pétain va tenter de se donner un alibi devant l'Histoire et faire rédiger un projet de Constitution qui donnerait à l'Etat français une apparence de libéralisme (politique) et à Pétain une plus grande source de pouvoirs, projet torpillé par Laval qui "balance" Pétain aux Allemands - voir cette excellente mise au point de Francis Deleu sur cette farce.
> Pour remettre la France sur les rails et malgré les
> conditions difficiles de l'occupation et des conditions
> d'armistice, il fallait alors un état fort et préoccupé
> d'éviter à la nation une guerre civile
Mmmm... Plaisant, pas vrai ? Oh, mais attendez... Un Etat fort ? N'est-ce pas le Maréchal, pourtant, qui proclame aux Français, le 25 juin 1940 : "N'espérez pas trop de l'État qui ne peut donner que ce qu'il reçoit" ? ;-)
Et c'est pour "éviter à la nation une guerre civile" que Vichy prend ces quelques mesures ?
> Franchement, qui se préoccupait du sort des Juifs en
> 40/41 en France ? Je suis désolé, mais peu de gens, il
> faut bien le reconnaître !
Disons que la population doit affronter de pénibles conditions de vie, sortir du traumatisme de la défaite et de l'exode, affronter la pénurie. Qui plus est, ladite population doit compter avec la présence de l'occupant, pas si bien perçu que ça. De fait, les législations xénophobe et antisémite de Vichy ne semblent pas avoir suscité de protestation populaire, même si l'on enregistre ça et là des critiques (voir ce que déclare un ami de Pétain à ce dernier, lequel va s'étonner de cette réaction).
En revanche, les rafles de 1941 commencent à mécontenter l'opinion parisienne. Et en 1942, les rafles de plus grande envergure dans les deux zones sont le torrent qui fait déborder le vase, et suscitent une puissante réaction scandalisée qui, après que Laval aura tenté de la circonscrire en procédant à quelques arrestations, poussera Vichy à davantage de... disons, prudence, sans pour autant renoncer à rafler les Juifs étrangers.
Bref, sur l'évolution de l'opinion, voir mon article.
> Le "malgré" Vichy de Karlsfeld repris pas Léon Bel
> donnerait à penser que l'état français aurait tout fait
> pour envoyer les 320.000 Juifs de France à Auschwitz et
> que ce serait les Allemands qui se seraient contentés,
> les braves gens, de ces quelques milliers...
Disons que l'état de l'historiographie a été parfaitement résumé par André Kaspi : "Si les trois-quarts des Juifs de France ont échappé à la déportation, le doivent-ils au gouvernement de Vichy ? Cette fois, la réponse est négative sans réserve." (André Kaspi, "Vichy a-t-il sauvé les Juifs ?" in Les Collections de l'Histoire, n°3 octobre 1998, "Auschwitz et la Solution Finale", p.56-59).
En outre, selon Serge Klarsfeld, "Vichy a contribué efficacement à la perte d'un quart des juifs de France" (Vichy-Auschwitz. La Solution finale de la Question juive en France, Fayard, 2001 p. 368), mais "les Français ont puissamment aidé au salut de trois quarts des juifs de France" (op. cit., p.369).
Après avoir procédé à une analyse lacunaire dans La Destruction des Juifs d'Europe paru en 1961, Raul Hilberg, tenant compte des acquis de l'historiographie, a fait valoir en 1998 que "Vichy a souvent fait plus que les Allemands pour capturer des juifs, étrangers ou citoyens français" (source), ce qu'il a d'ailleurs pu développer de manière plus conséquente dans son livre Exécuteurs, victimes, témoins, Gallimard, 1994, et coll. Folio-Histoire, 2004 (notamment p. 131-136).
Léon Poliakov, dont les thuriféraires vichystes arguent d'une phrase isolée d'un bouquin de plusieurs centaines de pages paru en 1951 (Le Bréviaire de la Haine), a également ajouté, dans un article accablant pour Vichy paru en 1968 : "Réfléchissant à ces années et à ces tribulations, l'auteur de ces lignes croit pouvoir conclure que si les activités de sauvetage purent se poursuivre sur une si large échelle et avec relativement peu d'aléas, c'est qu'à partir de 1942 elles bénéficièrent de la complicité, au moins passive, de la grande majorité des Français, le rôle actif restant, naturellement, aux tempéraments capables d'enfreindre la loi au nom d'un impératif éthique et qui sortaient du commun" (Léon Poliakov, "Au temps de l'Etoile jaune. La situation des Juifs en France sous l'Occupation", Historia Magazine, n°25, 1968, p. 700, reproduit in Léon Poliakov, L'Etoile jaune, Grancher, 1999, p. 129).
> Karlsfeld
> n'est pas mon auteur préféré sur la Shoah, et je ne fais
> qu'évoquer son accord sur un chiffre. C'est tout !
Et, dites-moi, quel est votre "auteur préféré sur la Shoah" ? Dans votre cas, je me pose quelques questions. *** / *** |