le Glossaire de Francis a trouvé : - | Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).
En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")
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QG - Quartier Général - Divers |
- | Plus petit que Grand Quartier Général... forcément.
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Dans ce texte : Nous avançons, dis-je aux sceptiques de tous forums ! de françois delpla le lundi 28 janvier 2008 à 19h16On cause de Jacques Delarue, ou on le maintient hors du débat ? Il faudrait savoir ! Pour moi, il est à la fois prisonnier de la vision traditionnelle, et occupé (je choisis ce terme par opposition à "soucieux", qui supposerait une conscience claire de ce qui ne colle pas) à la rendre plus logique. Je ne pense pas qu'il soupçonne le moins du monde une dissimulation britannique. Cependant, plus ou moins consciemment, il sent que quelque chose cloche, que Himmler a gardé un peu longtemps en bouche ce toxique. Donc il en rajoute sur le chapitre de la solidité, pour la même raison qu'il abrège les événements, et les simplifie, en écrivant que le prisonnier a été immédiatement extrait du camp de Selvester.
Mais au moins il ne métallise pas l'objet ! Comment Nicolas a pu donner quitus à Murphy sur ce point et le traiter en grand expert, tout en publiant à l'appui une photo où la chose est de toute évidence en verre, pour reculer seulement dans son dernier post en déclarant cette déformation tout à fait secondaire, voilà qui demeurera pour moi l'un des mystères de ce débat (cependant, cela nous suggère la façon dont Delarue lui-même a dû raisonner : qu'on ne voie pas malice dans la version officielle, au début des années 60, et la déforme sans s'en rendre compte pour la rendre plus logique, ou qu'on s'y accroche avec fanatisme en 2008, le mécanisme et le résultat sont les mêmes).
Quoi qu'il en soit, nous communions à présent dans l'idée qu'il s'agit d'une ampoule pharmaceutique en verre destinée à être mordue et à se briser sans faire d'histoires (tout en mettant fin à celle du porteur). Et non point d'une capsule (autre détail, insignifiant comme il se doit).
A partir de là, je m'excuse de le dire dans une ambiance un peu surchauffée (mais non par moi), j'ai de plus en plus confiance dans le témoignage de Selvester, en gros comme en détail. J'ai été traîné plus bas que terre pour avoir commis, disait-on, des affirmations sans preuves, or elles sont là, les preuves, et toutes. C'est sûr, la vie serait plus simple si les censeurs qui ont fait la razzia dans les papiers de 1945 avaient pensé à éliminer ce dossier de 1963, mais ils l'ont oublié, c'est ainsi et on ne gagne pas à tous les coups.
Prenons la question de la fragilité du verre. Certes "a little glass phial" n'est pas "a brittle glass phial" et je ne crois pas l'avoir jamais prétendu, ni avoir commis où que ce soit une erreur de traduction (d'ailleurs, quand bien même ! Il ne s'agirait que de la démonstration erronée d'un fait juste. L'erreur serait certes à confesser, et Nicolas à féliciter pour l'avoir remarquée, mais non la conclusion à changer). Cependant, tout ce dispositif que Selvester installe pour surveiller en permanence l'organe mangeant et parlant, comment l'expliquer sinon par le fait qu'il sait que les ampoules de poison sont fragiles (il vient d'ailleurs d'en récupérer une) et qu'il se dit qu'on ne parle pas, ni ne mange, avec ça dans la bouche, sans des précautions qui ne peuvent échapper à un observateur ? Son témoignage est, à cet égard, très explicite.
J'ai (contrairement à ce qui m'est reproché) déjà expliqué pourquoi je ne croyais pas aux horaires de 17 ou 19h, allégués par d'autres sources, pour l'identification de Himmler, dès lors que Selvester dit 16h. D'une part il est témoin oculaire, d'autre part il parle sous le contrôle d'une autorité qui a toutes chances de posséder une documentation fournie (et lui, de le supposer). Une mémoire aussi précise est-elle vraisemblable quelque 20 ans plus tard ? Oui, dans deux cas : s'il a tenu, conservé et relu une relation des événements (ce que rien n'indique ni n'infirme), ou s'il a repensé souvent à cette journée, qui avait quelque chance d'être la plus mémorable de son existence. Ajoutons qu'il a bien été obligé de rédiger un rapport sur le moment (qui fait partie des pièces fâcheusement dérobées à notre curiosité) et que cela aide à mémoriser les choses. Bon, 17h, à la rigueur on peut chipoter. Mais 19 ? N'est-ce pas un indice sérieux que, sur le moment même, peu après le décès, quelqu'un a pensé qu'il fallait concentrer quelque peu le récit ?
Le jour de la Toussaint 2005, j'écrivais sur feu Histoforums () :
"L’incident de la signature" est raconté par Selvester (il serait intéressant de savoir ce que Manvell ou Fraenkel ont dit à Murphy de son témoignage) : il avait demandé au prisonnier de signer son nom, ce que Himmler avait fait en exigeant et en obtenant que le papier fût déchiré aussitôt après comparaison, et la chose s’était répétée sous Murphy.
Eh bien, oyez, bonnes gens, Nicolas et les autres, MEA CULPA ! J'étais bien frileux à l'époque, et même encore ce matin quand j'écrivais ceci :
"Ainsi, l'idée que Murphy a sous les yeux le témoignage de Selvester, et le dément méthodiquement, m'avait effleuré après mon voyage de la Toussaint 2005, mais seulement comme une hypothèse parmi d'autres. A présent j'ai tendance à y voir une haute probabilité et j'invite les personnes intéressées à l'examiner avec moi. "
La journée, malgré de lourdes et parfois pénibles tâches professionnelles, a porté conseil et, relisant le tout ce soir, je franchis le Rubicon : il tombe sous le sens que Murphy écrit avec le rapport de Selvester sous les yeux et n'a d'autre idée en tête que de le démentir sur les points qui pourraient induire un doute.
Le capitaine dit qu'il a aussitôt séparé Himmler de ses compagnons, et a fait fouiller Himmler en sa présence. COMME IL LE FAISAIT POUR TOUS SES PRISONNIERS, C'éTAIT SON JOB ET IL ETABLISSAIT PERSONNELLEMENT LA LISTE DES OBJETS TROUVéS SUR EUX.
Murphy :
"Je me souviens très bien des dernières heures de Himmler (pas prudent ça mon gaillard, tu n'auras aucune excuse en cas de déformation grossière ! ndlr). Sans aucun doute, Himmler a passé un moment au camp de renseignements sur les suspects, où le capitaine Selvester l'a rencontré et interrogé. Quand je suis arrivé vers 8h du soir, aucune tentative n'avait été faite pour fouiller Himmler et il était assis à une table avec ses officiers en train de fumer le cigare ! "
Selvester raconte la fouille, et la découverte des deux étuis, l'un vide, l'autre contenant une ampoule qu'il reconnut aussitôt comme un instrument de suicide. Voyons comment Murphy s'arroge cette découverte :
"L'ampoule de cyanure fut trouvée dans la doublure de sa veste" (Selvester dit "dans sa veste"; et Murphy ne parle pas de l'étui vide.) Il ajoute aussitôt, ce qui est peu logique à cet endroit sauf s'il suit le récit de Selvester, qui parle, sitôt après la découverte de l'étui vide, du sandwich dur à mastiquer :
"Durant tout le temps de ma présence, Himmler n'a rien absorbé".
Il apparaît qu'il n'a pas fait faire, au camp, de fouille à corps, on se demande bien pourquoi, et que le déplacement vers la villa de Lünebourg avait pour finalité un examen médical pour chercher s'il ne cachait pas encore du poison sur lui. Il aurait fallu un médecin pour cela !
"Il était clair pour moi qu'il était encore possible que Himmler ait du poison caché sur lui, les endroits les plus évidents étant sa bouche ou ses fesses. Je lui dis en conséquence de s'habiller et, voulant que soit pratiqué un examen médical, je téléphonai à mon second et à mon QG, en leur disant de tenir un médecin à disposition dans la maison que j'avais fait préparer pour des hommes tels que Himmler. Moi-même et un autre officier avons accompagné Himmler lors du déplacement vers cette maison. "
Après le récit du suicide, il revient encore sur le jeûne du prisonnier !
"Himmler n'a pris ni aliment ni repas en ma présence et il n'y a pas de doute qu'entre le moment où je l'ai rencontré et celui de sa mort il avait dans sa bouche une capsule."
On ne peut que remarquer ce terme de "capsule", substitué à l'"ampoule" de Selvester. C'est alors que prend place le développement déjà cité ici, sur la capsule "en métal souple -suffisamment solide pour résister à une mastication prudente et à des liquides, surtout si l'autre côté de la bouché était utilisé- mais pas assez pour résister à un broyage volontaire."
Il n'est pas impossible que les auteurs (Manvell et Fraenkel) aient montré à Murphy le témoignage de Selvester, ou lui aient posé des questions qui laissaient entrevoir sa teneur. Mais surtout, il est hautement vraisemblable que le service du War Office qui avait contrôlé le témoignage du capitaine l'ait communiqué au colonel.
En tout cas, ce que cet examen fait apparaître, c'est qu'il le contredit point par point sur tout ce qui pourrait faire soupçonner quelque chose d'anormal. On peut aussi remarquer que ni lui, ni son ministère, n'ont l'air de redouter une réaction publique de Selvester devant des accusations aussi extrêmes de négligence et de trahison des devoirs de sa charge, puisqu'il avait omis d'isoler et de fouiller le plus précieux de ses captifs, alors que c'était sa mission même de le faire pour tous !
Conclusion : si pénible soit-il parfois, ce débat est utile et stimulant. Merci et bravo à LdG de le permettre, en dépit des entraves !
Il m'ancre dans l'idée que le témoignage de Selvester à Manvell est solide et fiable, et que Murphy joue les pompiers de service pour empêcher la survenue d'un doute (avec succès ma foi). Cela dit, que s'est-il passé ? Le scénario d'un commando de tueurs dans la nature, qu'un contrordre ne parviendrait pas à atteindre, n'est et n'a jamais été qu'une hypothèse. Beaucoup d'autres sont possibles. La seule certitude, c'est que le poison est arrivé dans la bouche après la consciencieuse fouille, et le minutieux examen de la bouche en action (Murphy lui-même n'écrit-il pas qu'il fallait manger prudemment ?), par Selvester et ses hommes. *** / *** |