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Images qui bougent : jeunes et TV de René CLAUDE le vendredi 09 juillet 2004 à 23h46

Bonsoir,

Lu dans le Vieil, hem, pardon, le Nouvel Obs en ligne par Véronique Groussard (extraits) :

Cette fois, nul n’accusera France 2 de faillir à sa mission de service public. La chaîne a commandé une fiction sur l’un des hauts faits des années Mitterrand : l’abolition de la peine de mort. Avec la fierté revendiquée d’édifier les générations nées après 1981. Inutile, pourtant, de se décarcasser, les jeunes ne regardent pas, ou presque, les fictions… Depuis le 5 juillet, la Deux, toujours elle, rediffuse Band of Brothers, cette série sur le quotidien d’une unité américaine de parachutistes d’élite pendant la guerre, produite par Steven Spielberg et Tom Hanks. Dieu sait pourtant qu’en 2002 la chaîne avait tergiversé avant de l’exhumer de ses tiroirs. Dubitative, elle avait même songé la repasser à France 3… La première diffusion fut un énorme succès ! Par son réalisme, sa dureté mais aussi sa profondeur humaine, son montage nerveux, elle a touché, entre autres, ceux sur lesquels nul ne pariait : les jeunes. Un paradoxe ?
Un cauchemar de programmateurs, plutôt, ces adolescents et, dans une moindre mesure, ces jeunes adultes. Ils viennent quand on ne les attend pas. A l’inverse, « il suffit qu’on dise qu’une émission a été faite pour eux pour qu’ils détestent », note Bertrand Mosca, directeur des programmes de France 3. (...) Ces êtres volages, nés la zapette au bout des doigts, butinent le sujet sur les phobies scolaires d’« Envoyé spécial » ou celui sur l’amaigrissement dans « Ça se discute jour après jour » mais ne prennent pas pour autant leur carte de fidélité. Avec eux, la télé se collette à forte concurrence : cinéma, portable, Internet, I-pod, radio, examens à bûcher, sorties entre copains. « En début de soirée, les spectateurs de moins de 35 ans, toutes chaînes confondues, ne représentent que 20 % du public », note Remi Festa, responsable des études à France Télévisions. Une chose est sûre : quand ils regardent la télé, leur priorité ne va pas à l’une des quatre chaînes publiques.
Ces dernières prennent beaucoup d’avance sur le papy-boom. Alors que les plus de 50 ans représentent 42,7 % (résultats tirés du Médiamat-Médiamétrie) de la population, le public de la télévision est constitué à 52,3 % de ces quinquagénaires et plus. Et la proportion passe à 58 % sur France 5, 63,6 % sur France 2, 64 % sur Arte, 65,1 % sur France 3. (...) Tenues par leur refus de la télé-réalité, les chaînes publiques se sont, certes, différenciées mais aussi un peu coupées des franges plus jeunes, les abandonnant au privé, ce qui finit par devenir préoccupant. (...)
Les divertissements et les jeux ? « Pas à la pointe de la modernité. » Les fictions ? « Trop classiques, dotées d’une vision souvent moralisante. »
70 % des spectateurs des fictions de France 3 (60 à 65 % pour celles de France 2) ont dépassé la cinquantaine. Voir TF1 buter sur le même écueil est une piètre consolation. Le divorce est consommé entre une génération nourrie de séries américaines – habituée à un type de narration rythmée (26 ou 52 minutes au lieu des 90 minutes françaises) – et la fiction de papa. Ex-directeur de la programmation de la Deux, Eric Stemmelen a assisté à des séances de dissection par des panels de jeunes. Tout y passe. Les dialogues : « Ils sonnent faux. Les vrais jeunes disent moins de gros mots et les adultes plus que ce qui est montré. » L’intrigue : « On comprend illico qui est coupable : c’est toujours celui auquel on ne pense pas. » Le manque de vitesse : « Le héros pose le téléphone, sort, ouvre la porte de sa voiture, puis on le retrouve sur le lieu du crime : la scène de la voiture est inutile. On imagine bien qu’il n’arrive pas là par transmutation ! » L’éclairage : « Tourné en studio et cela se voit : c’est toujours lumineux alors que les séries américaines ne sont pas forcément bien éclairées. »
La fiction française a aussi cette particularité de confier des rôles, ancrés dans la réalité, à des acteurs ayant dépassé la soixantaine, alors que l’âge moyen de la retraite est de 58,7 ans. Même hiatus dans la représentation de la France : très « blanche », à des années-lumière de celle que côtoient les trentenaires depuis leur scolarité.(...)
Plaire à plusieurs tranches d’âge, attirer les jeunes sans vider la salle de ses habitués relève du casse-tête. « Pompéi », hybride de documentaire et de fiction, ou, dans une veine plus classique, « Eté 44 », de Patrick Rotman, ont magnifiquement relevé le défi mais restent des exceptions.

...Hélas ! Mais le combat continue.

Bien cordialement,

RC

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