La reproduction de la première couverture est celle de l'ouvrage paru en "Livre de Poche-Jeunesse" aux Editions Hachette, 2002. Comme la plupart des "Poche-Jeunesse", le livre est agrémenté d'un dossier exhaustif "Pour aller plus loin...." qui permet aux jeunes et moins jeunes lecteurs d'en savoir plus sur l'auteur, sur la montée du nazisme ou encore sur l'antisémitisme.
1932 ! Martin Schulse, un Allemand, et Max Eisenstein, un Juif américain, sont marchands de tableaux en Californie. Ils sont aussi unis par des liens plus qu'affectueux - fraternel. Le premier décide de rentrer en Allemagne. C'est leur correspondance fictive entre 1932 et 1934 qui constitue ce petit livre inédit en France, écrit pas une Américaine en 1938, et salué à l'époque aux Etats-Unis, comme un chef-d'oeuvre. Incisif, court et au dénouement saisissant, ce livre capte l'Histoire avec justesse. C'est un instantané, une photographie prise sur le vif qui décrit sans complaisance, ni didactisme forcené, une tragédie intime et collective, celle de l'Allemagne nazie.
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Inconnu à cette adresse" rédigé en 1938 est l'oeuvre d'une modeste mère au foyer. Du moins c'est ce que l'on croyait jusqu'à ces derniers mois. La nouvelle, genre littéraire prisé aux Etats-Unis, est publiée dans "Story Magazine" et suscite un enthousiasme sans précédent. En une soixantaine de pages, sous la forme d'une vingtaine de lettres échangées entre deux amis, le livre relate comment cette amitié est bouleversée par la montée du nazisme et se referme sur un piège mortel. L'irruption du nazisme dans les relations des deux amis tissera la trame, terrible, effroyable, du récit.
La version française d'
Inconnu à cette adresse est publiée en 1999 aux Editions Autrement. Le succès est immédiat. Rien que pour la France, en décembre 2001, le livre figurait encore parmi les 20 meilleures ventes depuis 120 semaines, frôlant les 300.000 exemplaires vendus... sans compter les photocopies ou scans qui circulaient de bureau en bureau ou de boite E.mail en boite E.mail. Avant d'entrer dans le vif du sujet sur le forum, retenons que l'ouvrage a été publié aux Etats-Unis, en 1938, peu de temps avant la guerre. La question: "que savait-on du régime nazi?" a-t-elle encore un sens? De manière plus accessoire, que penser de Kressman Taylor, mère au foyer, auteur d'un seul livre... jusqu'à... il n'y a pas longtemps ?
L'ouvrage fait l'objet d'une étude littéraire et historique destinée aux enseignants et disponible en librairie: Jean-Louis Becker, Vincent Engel, Philippe Godard,
Inconnu à cette adresse, lecture entre les lettres, Livre de Poche Jeunesse hors-série, ISBN 2013216521.
Francis Deleu.
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La présentation de Daniel Laurent (proposée le 18 septembre 2008)
Le livre est court, 60 pages, c'est une nouvelle en fait.
Il se lit très bien, il est très prenant, difficile de s'interrompre quand on a commencé.
Kressmann Taylor l'a écrit en 1938, et y démontre une compréhension de la capacité de broyage des âmes et des corps de la machine nazie assez ahurissante pour l’époque.
C'est une nouvelle, donc il y a une intrigue, des rebondissements et un dénouement inattendu. Je vous donne quelques détails mais pas le noeud de l'intrigue, cela ruinerait le plaisir des éventuels futurs lecteurs.
Martin Schulse, un allemand, et Max Eisenstein, un Juif américain d'origine allemande, vivent en Californie ou ils sont associés dans un lucratif commerce d'oeuvres d'art et de tableaux.
Ils sont également amis, grand amis, frères presque, et Max, célibataire, est le chouchou de la famille Schulse.
En 1932, Martin décide de rentrer en Allemagne, il souhaite que ses enfants aient une éducation allemande. Mais il reste associé avec Max et se charge de fournir la galerie en oeuvres européennes.
Les 2 amis échangent donc une correspondance nourrie et pleine de l’amitié sincère qui les lie.
Puis, en 1933, les Nazis prennent le pouvoir. Insidieusement, la correspondance change de ton. Max s’inquiète, s'angoisse des "rumeurs" qui courent quant au traitement infligé aux Juifs allemands.
Les réponses de Martin montrent que le poison nazi est à l'oeuvre. L’amitié s'y dilue.
Mais Max a une soeur, donc juive également, qui vit à Vienne et commence à avoir du succès dans sa carrière théâtrale. Griselle a été, un temps, la maîtresse de Martin qui a réussit avec difficulté à ne pas y voir sombrer son mariage.
Griselle décroche un contrat pour aller jouer un rôle important à Berlin. La machine infernale est en route.
Et, à la fin, on en sort avec, au moins, les poils du cou hérissés.
Un ouvrage romanesque donc, mais tellement dans le ton, tellement véridique sinon véritable que l'on regrette qu'il n'ait pas été diffusé à 200 millions d'exemplaires en 1938.