Je suis tombé sur ce titre par hasard, en "surfant" sur un site de vente de bouquins, dans la rubrique "livres en anglais". Vous me connaissez et vous imaginez que ce titre m'a tout de suite sauté aux yeux. Je n'ai pas hésité une seconde à le commander, même si je m'attendais à trouver un brûlot anti-italien, d'autant plus qu'il traite de la participation malheureuse du Corpo Arereo Italiano, basé en Belgique, à la "Bataille d'Angleterre" et qu'il est écrit par un Britannique.
L'auteur, Peter Haining, n'est pas un historien mais le travail qu'il a accompli en est digne. Et le résultat est, à mon avis, très bon. Acune morgue et aucun sarcasme, si ce n'est ceux qu'il rapporte de la presse de l'époque, qui nous font autant sourire que les rodomontades des journaux italiens. Il prend le temps de présenter les protagonistes, les tactiques, les objectifs. Les témoignages de pilotes, de civils et la confrontation des sources anglo-germano-italiennes apporte les éclaircissements nécessaires. Et la vision de l'ensemble en est ainsi grandement éclaircie, sur cette anomalie, ce kyste, que fut la participation de l'aéronautique italienne à ce début de Blitz. Je me demande ce qu'ont dû penser Werner Mölders et Adolf Galland en allant rendre une visite de courtoisie à leurs alliés désorientés par un climat inconnu dans l'aire méditerranéenne et qui combattaient aux commandes de chasseurs ayant un cockpit ouvert. Méconnue aussi la colère du grand pilote britannique et "as" de la bataille en question, Robert Stanford-Tuck, à qui la presse avait attribué la déroute du raid désastreux du 11 novembre 1940, publiant une interview de l'intéressé qui précisait que les pilotes italiens étaient de la "viande froide" ("cold meat"): colère justifiée parce qu'il fut cloué au sol ce jour-là à cause d'une otite et qu'il ne donna jamais aucune interview!! Quant au jugement des pilotes de la RAF sur leurs adversaires latins, il est à l'inverse de celui qu'on imagine... deux d'entre eux déclarent avoir connu les "combats tournoyants les plus difficiles de leur guerre", deux autres "killers" de petits Fiat CR 42, presque un an jour pour jour après ce fameux 11 novembre 40 (le "big party" malheureux du CAI), devaient succomber à des chasseurs italiens au-dessus de Malte.
Une dernière chose: le surnom de "chianti raiders" fut donné aux bombardiers italiens à la suite de l'exploration d'un Fiat BR 20/M abattu, dans lequel on trouva du Chianti, du parmesan et d'autres victuailles... en plus de casques lourds et de baïonnettes! Dieu sait ce que les huiles de la Regia Aeronautica avaient dû raconter à leurs pilotes....