Ce jour là – 18 février 1944 – fut marqué par un des exploits les plus insolites de la Seconde Guerre mondiale. L’objectif de la R.A.F. n’était ni une gare ni une base militaire mais la prison d’Amiens et il s’agissait d’en abattre les murs pour en libérer les Résistants emprisonnés, promis à la mort ou à la déportation.
Raid meurtrier qui coûta la vie à de nombreux aviateurs britanniques – dont un as de la R.A.F. – et à quelques-uns de ceux que l’on voulait libérer. Mais à ce prix l’attaque n’en fut pas moins une réussite. Volant en rase-mottes, les Mosquitos atteignirent leur cible avec une telle précision que plusieurs centaines de détenus purent s’évader.
Cet épisode, popularisé après la guerre par le beau film d’Henri Calef, JERICHO, restait pourtant mal connu. Jack Fishman a interrogé des centaines de témoins, de ceux qui conçurent l’opération à ceux qui en furent les acteurs involontaires. Cette fresque haute en couleur fait revivre pour nous le monde du renseignement, celui des états-majors, celui des pilotes, celui, enfin, de l’occupation avec ses traîtres, ses indifférents et aussi ses héros anonymes, tels cette mère qui fit en sorte d’être arrêtée et envoyée en prison pour prévenir de l’attaque ses deux fils incarcérés ou ce médecin détenu qui renonça à s’évader et demeura sur place pour soigner les blessés.
Une page de notre histoire qui nous montre de quelle intelligence et de quelle abnégation les hommes sont capables, quand tout semble perdu.