
De 1939 à 1944, deux jeunes sœurs tiennent un journal sur des carnets minuscules qu’elles enterrent aussitôt. Leur père, l’écrivain Benjamin Vallotton, est suisse ; leur mère est Alsacienne. Fin septembre 1939, leur examen de secouriste en poche, eles décident de rejoindre leur oncle, responsable de l’état sanitaire des départements d’accueil pour les réfugiés venus de l’est du pays. Annie s’installe à Limoges, Gritou à Claivivre, où elles font office de travailleuses sociales et viennent en aide aux familles transplantées d’Alsace.
Très vite, elles font l’expérience des conditions de vie déplorables dans les camps d’internement pour étrangers. En janvier 1942 à Toulouse, elles entrent en contact avec la Résistance mais, par prudence, écrivent peu de choses sur leur rôle, que l’on devine important. Toutes deux rejoignent la zone nord au printemps 1944 et y demeurent jusqu’à la Libération : à Paris, Annie est en contact avec les hauts responsables de la Résistance ; à Reims, Gritou travaille avec la Croix-Rouge.
Les sœurs Vallotton ont reçu une éducation qui les porte à défendre l’opprimé, d’où cette avidité à s’interroger, ce scrupule à relever, malgré leur jeunesse, tout ce qui peut aider à la prise de conscience d’une guerre sans précédent. Tout au long du conflit, leurs efforts pour se tenir au courant sont incessants, leur patriotisme est sabs faille. Elles ne cherchent pas, a se faire valoir mais simplement à rapporter ce qu’elles savent et vivent, car, écrit Gritou « Il y a un monde entre l’imagination et la vision et l’audition.