Edité dans la collection Folio n°
2573
....Tant qu'il vécut aux Etats-Unis,
loin de la guerre, il se présenta en avocat de la France. Lui, il aspirait à
reprendre le combat, mais il ne choisissait pas, en politique, entre les divers
groupes qui prétendaient parler au nom de la France bâillonnée. Pourquoi
n'attaquait-il pas Vichy? Parce qu'il imaginait le gouvernement de Vichy soumis
à chaque instant à un chantage inhumain: ou bien il céderait aux exigences de
l'occupant, ou bien celui-ci serrerait les vis, refuserait la graisse nécessaire
aux essieux des wagons qui transporteraient le lait pour les enfants. Peut-on
sauver "l'honneur" au prix de la mort de milliers
d'enfants?....
Raymond Aron dans la préface de
l'ouvrage.
On ne peut mieux résumer les déchirements de St-Ex et toute
sa souffrance face aux déchirements des Français.
Juin 1940, c'est la débâcle et l'armistice. St-Ex quitte la
Métropole pour l'Afrique du Nord où il songe aux moyens de poursuivre la lutte.
Fin 1940, il gagne les Etats-Unis. C'est à New York qu'il publie, en 1942,
"Pilote de guerre" suivi en 1943 de
"Lettres à un otage" et du
"Petit Prince". Au printemps 1943,
il rejoint son escadrille de reconnaissance reconstituée en Algérie. Empêché de
voler, ayant atteint la limite d'âge, il rongera son frein de longs mois dans la
solitude et la souffrance. Lorsqu'il obtient enfin de rejoindre son escadrille,
il multiplie les missions. Il ne reviendra pas de la dernière, le 30 juillet
1944.
"Ecrits de
guerre" n'est pas un récit mais le recueil d'un ensemble de
lettres, d'écrits, de témoignages qui éclairent l'attitude d'un homme entré en
guerre, ensuite contraint à l'inaction, enfin retournant au combat pour y
mourir. L'attitude de St-Ex ? Au fil de ces écrits variés, le lecteur partage
les indignations, les incompréhensions, la souffrance, la solitude d'un homme
qui ne fut séduit ni par Pétain, ni par De Gaulle et qui fut rejeté par
l'un et par l'autre.
Il est impossible de résumer le livre. Citons quelques
textes: les lettres à Léon Werth, à Joseph Kessel, à Georges Pélissier, au
général Brosset...quelques témoignages: Jules Roy, Jean Israël... Et bien sûr la
douloureuse correspondance entre St-Ex et Jacques Maritain.