En 1996, deux biographies furent consacrées à François Genoud, citoyen suisse, militant nazi, espion et aussi financier du FLN algérien.
(Je présenterai celle de Pierre Péan d'ici quelques jours, le temps d'en relire quelques passages.)
Dans son avant-propos, Karl Laske raconte que l'idée lui vint de consacrer des mois d'enquête à celui qui était l'un des derniers activistes de l'internationale nazie et fasciste après l'avoir interrogé pour un article dans le salon feutré d'un palace de Lausanne.
Voici le premier portrait "politique" de son sujet d'étude extrait des pages de l'avant-propos :
François Genoud passait pour l'un des derniers représentants de "l'internationale noire", et sans doute l'un de ceux qui avaient ouvertement fait plus pour la renaissance du national-socialisme dans le monde. Plus que tel chef de parti nostalgique, ou tel propriétaire de journal. Ses efforts avaient été constants : éditer les propos de table de Hitler en 1952, "Le Testament politique de Hitler" en 1960, sans oublier les premiers extraits des journaux de Gœbbels en 1976, et par la suite leur texte intégral. Quel sympathisant de Hitler pouvait en dire autant ? C'est lui aussi qui avait pris la défense d'Adolf Eichmann ou de Klaus Barbie au moment de leurs procès.
On le voit, Genoud avait de la suite dans les idées politiques et nulle ambiguïté ne troubla son engagement constant. Il avait été, était et serait nazi jusqu'au bout !
Mais alors pourquoi avoir attendu la fin du XXe siècle pour en parler ? Les observateurs politiques curieux savaient qu'il avait été l'un des financiers du FLN durant la guerre d'indépendance avant de contribuer, là encore sur le plan financier, à la cause palestinienne, deux causes défendues par une grande partie de la gauche européenne. Malaise... ! On peut comprendre que le CV nazi du banquier vaudois était plutôt gênante... D'où ce long silence embarrassé. Mais en 1996, Péan et Laske voulaient comprendre; dès lors, il fallait retrouver les complices de l'ultra droite à l'extrême gauche et risquer l'amalgame.
Il sera intéressant de comparer les démarches de Laske et de Péan et leur lecture respective de la carrière politico-financière de ce peu ragoûtant personnage.
Alors, comme on dit, à suivre sur Livres de Guerre.
RC