Un aspect assez méconnu de l'histoire de la 2GM ! Les Evasions de France par l'Espagne.
"Quitter clandestinement la patrie pour la reconquérir c'est la dangereuse et douloureuse expérience du départ, du déracinement, qu'ont vécue une partie de ceux qui ont choisi de ne pas s'accomoder d'une France soumise au joug nazi, acceptant de transgresser les frontières et interdits proférés par Vichy" (...)
"Démon ensoutané, bienfaiteur canaille, Mgr Boyer-Mas campait un personnage étonnant au cœur de l'ambassade de France à Madrid. Sous couvert de la Croix-Rouge, ce prélat mondain réussit le tour de force d'organiser depuis la représentation diplomatique de Vichy, bravant les complaisances germanophiles de la dictature franquiste, un réseau d'aide en faveur de ces milliers de Français qui pensaient transiter par cette Espagne hostile pour reprendre les armes ailleurs. Boyer-Mas fut le stratège efficace d'une opération qui concerna entre 1940 et 1944 les 23 000 fantassins de cette «armée de l'évasion» internés, sitôt les Pyrénées franchies, dans les geôles insalubres du Caudillo ou dans le camp de Miranda de Ebro. Ceux qui survécurent aux maladies ou qui échappèrent aux mesures de refoulement rejoignirent l'Afrique du Nord, plus rarement l'Angleterre, grâce aux manœuvres de cet homme de Dieu peu ordinaire, mais aussi grâce aux habiles pressions anglo-américaines sur un Franco fragilisé. Robert Belot a ressuscité cet épisode de la geste résistante qu'une conspiration du silence avait mis sous le boisseau. Car il n'a pas été facile d'admettre que dans cette affaire la mouvance giraudiste, fleurant son vieux fond maréchaliste, a longtemps pris le pas sur sa concurrente gaulliste. Un phénomène de «mémoire dominée» à l'intérieur de la «mémoire dominante» qu'il était heureux de faire émerger à la lumière de sources inédites."