A l'occasion du dernier rebond de l'affaire Papon, son avocat qui fait partie des amis de Robert Brasillach, utilise ce énième spectacle médiatique (orchestré par lui-même) pour réaffirmer son désir de réviser le procès de Vichy, de ses serviteurs et des écrivains condamnés pour faits de collaboration et trahison. Robert Brasillach fut l'un d'entre eux et pas le moins engagé. Rédacteur en chef de "Je suis partout", le journal des ultras de la collaboration (totale) avec le nazisme, il se retira fin 43 pour se consacrer à la poésie, genre dans lequel il a démontré des qualités réelles.
A la Libération, il se constitue prisonnier, est jugé et, malgré une campagne nationale initiée par François Mauriac - que Brasillach avait dénoncé durant l'occupation ! - pour demander sa grâce, est exécuté en 1945 après le refus de Charles de Gaulle de commuer sa peine. Selon lui, Brasillach avait mis son talent et son intelligence au service de l'ennemi en poussant des jeunes gens à s'engager sous l'uniforme allemand. Il avait manqué à la France; pire, il l'avait trahie.
Alice Kaplan est une chercheuse américaine. Avec la distance culturelle que sa situation implique, elle nous propose un essai brillant tourné dans un style enlevé qui pose une nouvelle fois, articles et témoignages à l'appui, la question de la responsabilité de l'homme de lettres durant la seconde guerre mondiale, quand des mots pouvaient faire autant de mal que les armes.
RC