Depuis plus de
vingt ans, Daniel Cordier a entrepris la rédaction d’une somme sur Jean Moulin
dont les trois premiers tomes (parus chez J.-Cl. Lattes en 1989 et 1993) ont
fait date dans l’historiographie de la Résistance.
Jean Moulin,
la République des catacombes, n'est pas le quatrième tome de cette biographie.
Il s'agit d'un travail entrepris à l'occasion du centenaire de la naissance de
Jean Moulin, en vue d'offrir à la fois une synthèse complète des connaissances
acquises sur l'Inconnu du Panthéon et un grand nombre de documents inédits
concernant le pan d'histoire dont il tut l'un des acteurs essentiels. La mission
de Jean Moulin dura dix-huit mois, entre sa nomination et sa mort : dix-huit
mois au coeur des cinquante mois d'occupation. L'intérêt et l'originalité du
présent volume résident dans la mise en perspective de cette mission, rattachée
pour la première fois a tout ce qui la précède et la fonde, et surtout a ce qui
la prolonge, depuis le drame de Caluire jusqu'a la Libération et bien
au-delà.
La première
partie du livre analyse la nature et le déroulement de la mission du délégué
personnel du général de Gaulle en France. Chargé d'unifier une résistance
intérieure encore éclatée et balbutiante, il lui faudra aussi tenir compte de
tout ce qui sépare ces mouvements disparates de la France Libre, constituée en
force politique et militaire à Londres. Dissensions idéologiques, luttes
d'influence, conflits personnels déjà l'après-guerre se prépare. Daniel Cordier,
acteur devenu historien, éclaire cette période de façon inédite, faisant
ressortir des figures légendaires comme celles de Pierre Brossolette ou du
colonel Passy dans leur conflit avec Moulin, ou celle, obscure, de René Hardy,
dont le procès, minutieusement analysé ici, révèle a posteriori les enjeux de la
Résistance. Une large place est réservée à la tragédie de
Caluire.
La seconde
partie est consacrée à l'héritage de Jean Moulin, pour la première fois révélée
à travers les violentes querelles qu'il suscita au sein de l'état-major de la
Résistance et de la France Libre. Pourquoi Brossolette, par exemple, fut il
éliminé de la succession de Moulin ? Cette énigme trouve ici sa réponse.
D'autres figures essentielles mais moins connues apparaissent dans toute leur
grandeur : celle d'André Philip ou encore celle de Jacques Bingen, qui illustre
par son action et son martyre les déchirements de
l'après-Moulin.
Enfin, un
long "Post-scriptum" apporte une réplique vigoureuse et documentée aux récentes
polémiques.
Nul n'était
mieux placé que Daniel Cordier pour faire le tableau en grand et en détail des
drames et des rivalités qui ont dicté les enjeux de la
Libération.
Tout ceci est écrit au dos du livre.
J'avoue que, très occupé par la conception de ce forum, je n'ai pas trouvé le
temps de lire cette brique impressionnante mais que l'index des noms m'a permis
de trouver facilement quelques passages qui m'intéressaient particulièrement et
que le style simple et agréable à lire, et l'honnêteté de l'historien qui s'efforce
toujours de placer son travail scientifique avant ses souvenirs, m'ont
séduit.
J'attends avec impatience le jour où
Cordier nous parlera aussi de lui.
Jacques