La biographie d'une figure importante de la Résistance intérieure et de la mémoire communiste est un exercice délicat.
Or François Bourderon l'a pratiqué avec un réel brio.
Je m'avance peut-être, mais je crois pouvoir affirmer qu'il a publié LA grande biographie-enquête de celui qui fut le chef régional des FFI quelques temps avant l'insurrection populaire qui devait participer à la Libération de Paris.
On découvre au fil de chapitres passionnants qu' Henri (Rol-)Tanguy fut, sa vie durant, un homme engagé, dont l'intégrité et le courage furent salués par ses camarades du Parti communiste mais aussi par ses adversaires politiques.
(Jacques Chirac salua sa mémoire et son combat après son décès récent.)
De février 1937 au 8 mai 1945, j'ai toujours été au combat : j'ai encore dans le corps, une balle de mitrailleuse qui m'a frappé, le 18 juin 1938, sur le front de l'Èbre.
Dans les Brigades internationales, il fut en charge de l'armurerie où ses talents de mécanicien firent merveille; là, dans des ateliers essentiels à la lutte militaire antifasciste, il s'initia à l'usage des différentes armes, une pratique qui lui sera très utile quelques années plus tard dans la Résistance en France occupée.
Après les mois d'errement idéologique du PCF, conséquence directe du pacte germano-soviétique, période durant laquelle Henri Tangy était mobilisé, il n'eut plus de contacts avec les chefs communistes recherchés. Il vécut la débâcle et l'armistice comme des millions de Français.
Dès l'été 1941, après l'attaque de l'URSS par les armées nazies, il était prêt moralement à reprendre le combat, moralement car matériellement et numériquement, c'était autre chose:
En fait, l'été 1941, nous avons improvisé. Nous appliquions le vieux principe : "On s'engage et on voit." Il témoigna que le Parti ne lui avait donné que des consignes très vagues, très générales.
Aussi le terme de "lutte armée" ne convient que médiocrement à l'été et l'automne 1941 et il n'a été employé que bien plus tard : il implique une véritable organisation, structurée, hiérarchisée, que nous n'avions pas encore. En 1941, il n'y a encore que des actes isolés. Et Tanguy de préciser qu'à cette époque les sabotages et attentats des militants étaient réprouvés par la population qui redoutait les réactions allemandes...
Dans l'opinion, nous sommes progressivement passé en 1942 du contre-courant à une adhésion au moins relative, sans doute grâce à notre ténacité, mais aussi je crois essentiellement en raison des circonstances extérieures, des exactions ennemies, du pillage accéléré, de la répression sauvage, puis des prélèvements forcés de main-d'œuvre : tout ceci a rendu la situation de plus en plus insupportable, et les Français perméables à nos idées et à nos modes d'action.
Cette biographie "définitive" est
fondée sur des archives et des témoignages inédits [elle] fait revivre une grande figure de combattant du XXe siècle, une des plus belles, et l'une des plus humaines.
On ne peut qu'adhérer à cette affirmation sur le 4e de couverture.
RC