Ces mémoires racontés par l'adjoint de H. Frenay lors de plusieurs entretiens avec Laure Adler constituent le livre posthume le plus irritant que j'ai lu cette année !
Entre langue de bois et auto-promotion, celui qui a rejoint le mouvement "Combat" en 1943 en s'imposant comme chef intérimaire lors d'une mission de Frenay à Londres, refait le parcours d'une vie marquée par les engagements sincères mais souvent extrêmes.
A plusieurs reprises et au risque de voir le protégé de Dassault quitter le lieu des rendez-vous, Laure Adler, fine et habile, tente de le pousser dans ses retranchements sur sa responsabilité dans la suuccession d'événements qui aboutirent à l'arrestation de Jean Moulin. Irrité, fâché, Bénouville menace de tout planter et oblige la journaliste à calmer le jeu... avant de reprendre son récit où il redit ses convictions maurrassiennes et son nationalisme sans nuance qu'un gaullisme de guerre tardif a à peine tempéré.
Alors un livre inutile... pas tout-à-fait car entre les lignes, on reconstruit le parcours d'un militant de la droite dure révélé par février 34 que la Résistance et son talent de meneur propulsèrent à des positions où il put influencer la vie politique et économique française durant un demi-siècle. Pierre de Bénouville, grand chrétien, avant de faire le "grand saut", aurait pu appliquer à lui-même ce qu'il exigeait souvent de ses contemporains : être en accord avec sa conscience.
Je vous le dit, un livre irritant !
La question qui revient est encore et toujours : Pierre de Bénouville, en acceptant de couvrir jusqu'au bout et malgré quelques indiscrétions René Hardy , a-t'il une part de responsabilité plus grande que celle qu'il admit parfois du bout des lèvres dans l'arrestation du représentant du général de Gaulle, ce Jean Moulin qu'il avoua détester, lui et surtout la République qu'il incarnait...?
Cordialement,
René