Au moment où la défense ultra procédurière de Maurice Papon se manifeste avec une véhémence et un acharnement indignes afin d'obtenir le pourvoi en cassation d'un "client" qui n'a jamais accepté de reconnaître ses torts et s'estime atteint dans son honneur (!), j'ai pensé qu'il pouvait être utile de conseiller la lecture d'un excellent compte-rendu du procès de la Gironde par le plus pointu des Académiciens français, Bertrand Poirot-Delpech.
Dans son avant-propos, l'auteur disait alors :
"Je n'ai rien écrit pendant les débats. Je ne voulais pas ajouter aux a priori. Je préfère m'exprimer aussitôt après le verdict. On pensera peut-être : "Coup de pied de l'âne; laissez-le maintenant. Laissez ce vieillard mourir." On ne peut plus lui nuire. Il n'ira pas en prison. Il a gagné, fors l'honneur."
Poirot-Delpech écrivait encore à l'époque à propos de la grande réflexion induite par le compte-rendu de ce procès :
"Ayant des souvenirs de l'époque (10 ans en 1940) et des procès précédents, j'ai voulu fixer les moments forts des audiences de Bordeaux, leurs acteurs et leurs éclaircissements sur le grand mystère du siècle de Kafka: comment un jeune homme d'avenir et ses bureaux trouvent acceptable d'envoyer des bébés en enfer: comment créer, pour les fonctionnaires de la planète, un devoir de désobéissance aux ordres inhumains."
Bien cordialement,
René Claude