Livre extraordinaire et livre bien curieux.
C'est un fourre-tout étonnant où les notes philologiques (le sous-titre est "Carnet d'un philologue") sont inextricablement mêlées à des éclats de la vie quotidienne d'un Juif qui reste en Allemagne après 1933. Protégé, dans une certaine mesure, par le fait qu'il est marié à une "aryenne", il a la chance invraisemblable que le grand bombardement de Dresde coïncide avec le jour où il devait être déporté.
Ce sont ensuite trois mois de fuite sous un faux nom ("Kleinpeter", transformation habile de "Klemperer") dans une Allemagne hallucinée, où Klemperer, jusqu'au bout, continue de noter les ravages causés dans les esprits par le national-socialisme, mais aussi les petits éléments d'espoir.
Un livre qu'on n'a en fait jamais fini de lire.
Il faut aussi signaler la double présentation par Sonia Combe et Alain Brossat et la remarquable traduction d'Elisabeth Guillot (qui a aussi annoté le texte). |