
*** "L'Allemagne - inclinée au mal dès sa prime jeunesse?".
C'est par cette question angoissée que le Spiegel accueillait, en 1961,
le livre de F. Fischer, Grift nach der Weltmacht, qui ébranlait la
bonne conscience de ses compatriotes au sujet des responsabilités allemandes
dans les causes de la Première Guerre mondiale. ***
Cet ouvrage de Fischer fait rebondir la vieille controverse
sur les origines de la guerre. Qu'en est-il aujourd hui? Jacques Droz s'est
appliqué à faire le point sur une énorme littérature internationale qui, de
Lénine aux adversaires de Fischer, tente d'élucider le processus par lequel des
millions d'hommes ont été jetés dans l'un des plus grands carnages de l'histoire
humaine.
Dans une longue postface, signée Jean-Jacques Becker, ce
dernier relance le débat en se demandant tout simplement si la guerre de
1914 a eu une véritable cause et de poser une seule et dernière question:
quelles sont ces forces obscures qui ont dépassé les hommes d'Etat? Becker
ajoute: "Finalement il semble bien qu'il n'y ait qu'une réponse. La conscience
nationale des peuples, la puissance des sentiments nationaux de chacun." Dans
ces conditions, un incident mineur pouvait fournir l'étincelle qui mettrait le
feu aux poudres, ce fut Sarajevo.
Francis Deleu.