Bonjour,
Si cette biographie de l'un des hommes politiques français les plus charismatiques du XXe siècle n'est pas toute récente, elle reste selon moi à ce jour l'une des meilleures études de la vie et des engagements de PMF.
Jean Lacouture n'a jamais caché qu'il se sentait mendésiste de coeur, ce qui ne l'a pas empêché d'aborder son sujet avec rigueur et le souci constant de bien resituer l'action politique brève et décisive de celui qui parvint, entre autres, à extraire la France du bourbier indochinois, mais surtout l'influence qu'eut l'un des plus brillants cerveaux politiques français sur une partie des progressistes dans la 2e partie du siècle passé.
Intellectuel brillant, Pierre Mendès France n'hésita pas à risquer sa vie en s'engageant, après son évasion d'une prison vichyste, dans la France combattante. De Gaulle fut d'ailleurs séduit par Mendès France au point de lui proposer un poste important dans son gouvernement provisoire. Mais les deux hommes se séparèrent assez vite, pour des raisons de choix en matière de politique économique juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
On se souviendra aussi de l'odieux procès de Riom au cours duquel un tribunal d'officiers vichystes appliqua les ordres du gouvernement de Vichy concernant des figures emblématiques du régime républicain : le col. Degache qui avait déjà requis la peine de mort contre de Gaulle et Leclerc, Leprêtre qui, durant l'instruction, refusa de convoquer des témoins de la défense, le col. Perré, président, lui aussi membre du tribunal qui avait condamné le Connétable. Après avoir écouté la lecture du jugement qui le condamnait à 6 ans de prison pour désertion, Pierre Mendès France se dirigea vers Degache et lui dit :"Monsieur le commissaire du gouvernement, je vous souhaite le repos de votre conscience. Vous avez bien travaillé pour Hitler - et pour votre avancement !" Antisémitisme, anti-républicanisme et carriérisme, PMF avait mis le doigt sur ce qui poussa bon nombre de gradés à obéir à Pétain et à l'Etat français en acceptant de collaborer à un simulacre de procès où l'accusé incarnait tout ce qu'ils détestaient.
Jean Lacouture :"Voici un homme qui n'a exercé l'autorité de l'Etat que quelques semaines en 1938 sous l'égide de Léon Blum, puis de 1943 à 1945 dans la mouvance de Charles de Gaulle, et huit mois en 1954 et 1955 au sommet des responsabilités et a su néanmoins s'imposer comme le symbole de d'une conception de la vie publique, démontrant que l'action politique n'est pas avilissante par nature, ni le pouvoir pervers par essence."
Cordialement,
René Claude