Bonjour,

Gilbert Renault, alias REMY, incarne certaines des contradictions de la France libre et s'il est entré vivant dans la légende de la Résistance, cette biographie récente de Guy Perrier - lui-même très jeune résistant au sein des réseaux Libération-Nord, Navarre et de l'OCM - nous permet de (re)découvrir l'homme sous le mythe.
Catholique pratiquant, royaliste et patriote mais exempté pour raison de famille, Gilbert Renault entend la déclaration de Pétain à Vannes où les Renault se sont repliés. Il est abasourdi et surtout horrifié au spectacle des soldats montrant leur satisfaction à cette demande d'arrêt des combats. Il n'a pas entendu l'appel de de Gaulle, mais décide de rallier Londres. A Lorient, il embarque sur le chalutier "la Barbue", laissant en France sa femme et ses cinq enfants. Il rencontre de Gaulle qui le dirige vers un Dewavrin-Passy tentant de mettre sur pied et avec les moyens du bord ce qui sera le BCRA. Dès mars 1941, il sera le chef, sous le nom de Rémy, de l'un des plus importants réseaux de renseignement de la France libre, cette Confrérie Notre-Dame (CND) pour laquelle il prendra tous les risques. L'auteur décrit également avec soin la vie et les méthodes de celles et ceux qui formèrent son improbable mais si efficace réseau. Maurrassien de formation, il sera pourtant le premier responsable secret à comprendre l'importance de contacter le PCF clandestin afin de lui proposer une alliance temporaire. Gaulliste de la première heure, il se brouillera avec le général quand, à la fin des années 40, sous l'influence de Pierre Boutang et d'autres nostalgiques de l'Action française et de Vichy, il se lancera dans une campagne visant à réhabiliter le maréchal : c'est lui qui exposera la thèse de l'épée gaulliste et du bouclier vichyste.
Comme l'écrit son biographe :" Magnifique héros dans la guerre, Rémy, il est vrai s'est révélé un piètre politique. (...) Obnubilé par l'union nationale qu'il s'obstinait à vouloir réaliser, il ne s'est pas aperçu qu'il était en partie manipulé par cerains milieux pétainistes ou d'extrême droite, trop heureux d'avoir avec eux une telle caution."

Cordialement,

René Claude