Note de l'éditeur
En 1949, après leur victoire militaire, les dirigeants communistes s’installent dans une dépendance du palais impérial de Pékin, et y aménagent un vaste ensemble résidentiel et administratif entouré de longs murs rouges. Quelques centaines d’entre eux, avec leurs collaborateurs et leurs familles, y cohabitent, à l’abri des regards, jouissant de conditions de vie exceptionnelles : nourriture abondante, fêtes et loisirs. Grands hôtels, résidences de luxe et plages privées sont à leur disposition pour profiter de leurs vacances et cacher leurs débats et leurs transgressions. Pendant ce temps, le pays subit les effets d’une domination totalitaire, d’une socialisation largement inefficace, d’une effroyable famine, puis de la Révolution culturelle et de ses luttes de factions. C’est qu’un fossé à la fois politique et humain s’est creusé entre Mao, de plus en plus isolé par ses échecs et ses dérives privées, et des collègues toujours plus pragmatiques et intéressés, caste qui finira par s’imposer après sa mort.
Jean-Luc Domenach nous révèle la trame non seulement politique, mais humaine et sociale de cette histoire tragique traversée par l’élite des Murs rouges. En montrant l’imbrication entre l’obsession pour le pouvoir, la soif des plaisirs et le poids des relations personnelles, il bouleverse notre regard sur le totalitarisme version chinoise. Et l’on découvre que les protagonistes de cette terrible histoire sont les parents des dirigeants actuels ; un passé qui engage donc notre avenir.
Jean-Luc Domenach est directeur de recherche à Sciences Po, où il a dirigé pendant neuf ans le CERI. Chroniqueur régulier pour le quotidien Ouest-France, et très souvent consulté, il est l’un des meilleurs connaisseurs de la Chine où il a vécu de nombreuses années. Il a notamment publié Comprendre la Chine aujourd’hui (Perrin, 2008) et La Chine m’inquiète (Perrin 2009).