Que s’est-il passé réellement à Viombois le 4 septembre 1944 ? D’après le témoignage du mythique chef de la 1ère centurie René RICATTE alias lieutenant JEAN-SERGE, les maquisards mal armés, confrontés à 2 000 Allemands aguerris « luttèrent à 1 contre 10, ils eurent 57 tués. Les Allemands battirent en retraite laissant plus de 130 morts sur le terrain ». Toutefois cette date allait aussi sonner la fin du projet grandiose de la Résistance Alsacienne, la mobilisation de près de 1 000 hommes attendant en vain un grand parachutage avant d’aller occuper les cols vosgiens et de libérer les camps de concentration de Schirmeck et du Struthof. Viombois, un tournant décisif pour les FFI d’Alsace ?
La consultation des archives -enfin ouvertes- apporte un regard très différent tant sur le fonctionnement de la Résistance Alsacienne que sur l’écriture d’un événement qui privilégiait jusqu’à présent la Mémoire sur la rigueur historique. Paul DUNGLER, créateur du réseau des Forces Françaises Combattantes « Martial » pour Londres ou « 7ème colonne d’Alsace » pour Vichy est enfin décrypté sans passion, tout comme le basculement progressif d’une résistance largement issue du 2ème bureau de Vichy et de ses Groupes d’Auto-Défense (GAD) vers le BCRA de Londres. D’écritures en 70 ans de réécritures, la bataille de Viombois avait pris une tonalité épique qu’il convenait de confronter aux documents.
L’exemple de la bataille de Viombois, ses prémices et ses « trahisons » remises à plat nous amène plus généralement à réfléchir sur l’écriture de l’Histoire.