Table des matières
Note de l'auteur
Clichy, 2 juillet 1943
Au commencement de la lutte armée
A l'OS, on ne se bousculait pas au portillon
Inciter
Obliger
Une organisation clandestine
Les motivations des combattants
Gérer le personnel
En guerre contre les Allemands
Des tâches spéciales. Des groupes spéciaux ?
Conclusion
Présentation EdC
Il y a 35 ans, en publiant « Debout Partisans », les journalistes Angeli et Gillet introduisaient le lecteur au monde de la résistance communiste et des FTP sur la base de dizaines de témoignages. Les anecdotes rapportées, souvent plaisantes, n'évitaient pas toujours le ton hagiographique, c'était un choix éditorial.
Il y a loin du journalisme à l'histoire. Franck Liaigre y a consacré 15 ans de sa vie, a accouché d'une thèse soutenue il y a 3 ans et le livre qu'il nous propose en 2015 n'est pas seulement la version lisible de ce travail de thèse, c'est aussi l'aboutissement d'un historien maintenant chevronné, parfaitement à l'aise dans les dédales du monde communiste sur lequel il enquête.
L'auteur est convaincant lorsqu'il administre la preuve que les archives de la résistance communiste existent et qu'il suffit d'aller les chercher dans les archives de la Police, ce qui ne fut pas une mince affaire, car même s'il limite ses investigations à la zone occupée, Liaigre a dû écumer un certain nombre d'archives départementales, de Lille à Bordeaux, et de Rennes à Dijon, sans oublier bien sûr, celles de la préfecture de police de Paris et les archives nationales. Ce ne sont pas tant les interrogatoires de police qui lui fournissent la matière, mais la documentation saisie par la police sur les agents de liaison ou dans les planques des combattants clandestins dont les groupes furent démantelés les uns après les autres, depuis leur création en 1941. Il en résulte une synthèse d'où la quantification n'est pas absente, mais aussi un questionnement sur le recrutement, la gestion de la vie clandestine, les motivations des combattants, très jeunes pour la plupart, et la tendance qui se dessine à partir de 1943, d'éviter le choc frontal avec les Allemands et de privilégier l'exécution ds traîtres et les « coups de pognon » nécessaires à l'entretien des troupes, car les groupes de FTP étudiés par Liaigre sont des permanents qui touchent un salaire qui ne peut être versé que si les caisses sont remplies.
Les données chiffrées permettent de rectifier non seulement les exagérations que l'on retrouve dans une quantité d'études non critiques touchant à l'histoire de la Résistance mais aussi d'autres affirmations relevées dans des publications historiques relativement récentes. Ainsi, il faut ramener à 75 le nombre d'Allemands tués en région parisienne entre juin 1941 et le 15 août 1944. Autre exemple, contrairement à ce qu'on peut lire dans le dictionnaire historique de la Résistance, même au cours de l'année 1943 en région parisienne, les FTP-MOI n'ont jamais représenté la majorité des combattants.
De cette étude sont absents les maquis constitués plus ou moins sous la casaque FTP dans les mois précédant la Libération. On peut regretter non pas que le sujet ne soit pas traité, il aurait fallu 15 années supplémentaires, mais que la question ne soit pas du tout abordée.
Concluons en citant cette remarque de l'auteur dans son introduction : « Les FTP sembleront sans doute moins héroïques que dans la plupart des ouvrages qui leur ont été déjà consacrés, mais ils n'en paraîtront que plus humains, avec leurs failles et leurs faiblesses. » En effet, si avec son ami et directeur de thèse Berlière, Liaigre avait trouvé après la Libération de beaux salauds étiquetés FTP (Ainsi finissent les salauds, 2012), il est surtout question ici de communistes convaincus, qui gardèrent leur confiance dans le mouvement communiste, mais qui cultivèrent un mode de vie, entre copains, pas forcément compatible avec les impératifs de sécurité. |