L’auteur :
R.M. Douglas, historien irlandais, est professeur et directeur du département d'histoire à la Colgate University (New York), où il se spécialise dans l'étude de l'époque de la deuxième guerre mondiale et de l'après-guerre en Europe. Auteur de cinq livres et de nombreux articles, il a récemment été nommé l'un des 300 meilleurs professeurs universitaires de l'Amérique du Nord par le Princeton Review. Son nouveau livre, Les expulsés, a déjà été publié en anglais, en français et en allemand; traductions en polonais et en turc apparaîtront plus tard cette année.
Bibliographie partielle :
Architects of the Resurrection: Ailtirí na hAiséirghe and the Fascist 'New Order' in Ireland (2009).
Imperialism on Trial: International Oversight of Colonial Rule in Historical Perspective [R.M. Douglas, M.D. Callahan & E.A. Bishop, eds.] (2006)
The Labour Party, Nationalism and Internationalism, 1939-1951 (2004).
Feminist Freikorps: The British Voluntary Women Police, 1914-1940 (1999).
Articles dans Albion, Contemporary British History, Daedalus, Ethnic and Racial Studies, Historical Journal.
Journal of Modern History; Politics, Religion & Ideology.
Le livre :
Un ouvrage bouleversant, c’est le moins qu’on puisse dire, et qui présente une page d’histoire méconnue : la façon souvent inhumaine avec laquelle les Allemands, ou supposés tels, qui vivaient hors des frontières de l’Allemagne d’après-guerre furent expulsés.
Beaucoup d’hommes étant morts ou prisonniers de guerre, il s’agissait en grande majorité de femmes, d’enfants et de vieillards.
Nombreux furent ceux qui n’arrivèrent jamais au pays, morts de faim, de maladies ou de mauvais traitement en cours de route.
Parmi les apriori infondés qui justifiaient les expulsions de Tchécoslovaquie et de Pologne principalement, se trouvait la crainte de la part des autorités locale d’opérations de sabotage de la part de certains rescapés Nazis, les fameux Werewolf, qui en fait n’ont jamais existé.
Une caractéristique notable du système des camps d'après-guerre est l'importance des agressions sexuelles ainsi que des humiliations et punitions sexuelles ritualisées qui étaient infligées aux détenues « Volksdeutsche ».
Parmi les expulsés, notons des survivants juifs allemands qui, aidés par des organisations sionistes, purent ainsi transiter vers Israël.
Ses villes bombardées et ses infrastructures détruites, l'Allemagne était un champ de ruines en 1945. Impossible pour ce pays dévasté d'accueillir, de loger et de nourrir un tel afflux de population.
Aussi, les puissances occupantes, à savoir les États-Unis, l'URSS, le Royaume-Uni et la France, tentèrent de contenir l'arrivée des millions d'Allemands chassés d'Europe orientale.
C'est au compte-gouttes, donc, que les expulsés purent entrer en Allemagne.
Pris en étau par des pays qui ne voulaient plus d'eux et par leur pays qui ne voulait pas d'eux, des millions d'exilés allemands furent arrêtés en Tchécoslovaquie, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en Yougoslavie et déportés dans des dizaines de camps d'internement. Enfin pas tous : seulement les femmes, les enfants et les vieillards. Les hommes, eux, du moins le peu qu’il y avait, furent soumis au travail obligatoire.
De nos jours, entre un cinquième et un quart de la population allemande est composée d’expulsés de l’Est ou de leurs descendants directs.
On dira volontiers que qui sème le vent récolte la tempête mais, hélas, la plupart des victimes ne faisaient partie ni des Nazis ni de leurs complices. Même des Sociaux-démocrates des Sudètes, opposants à Hitler qui avaient dû fuir le Reich, figurent parmi les expulsés.
Rien de bien honorable donc dans cette triste page de l’histoire de l’Europe de l’Est après-guerre.
Le pire est que certains falsificateurs négationnistes utilisent cet évènement pour tenter de démontrer que les ennemis du Reich furent tout aussi criminels que les Nazis.
Fallait-il pour autant ne pas en parler ?
Nous ne le pensons pas.
Présentation de l’éditeur :
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe a été le théâtre d'un transfert forcé de population à très grande échelle : des millions d'Allemands qui vivaient en Tchécoslovaquie, en Hongrie et en Pologne, devenus indésirables dans ces pays durement éprouvés par les années de domination nazie, ont été délogés de leurs foyers et envoyés vivre parmi les ruines du Reich. Ces expulsions, qui se sont déroulées entre 1945 et 1947, ont été organisées par les autorités des pays concernés, avec l'aide des gouvernements britannique, soviétique et américain qui pilotaient alors la reconstruction de l'Europe. Elles ont concerné entre 12 et 14 millions de personnes - en majorité des femmes et des enfants - et ont été menées avec une telle brutalité qu'elles ont fait de nombreuses victimes : au moins 500 000 expulsés sont morts dans les camps de transit où on les avait rassemblés, pendant les trajets, ou à leur arrivée en Allemagne, épuisés, affamés et sans abri. Cet épisode tragique s'est déroulé au grand jour, sous les yeux de dizaines de milliers de journalistes, diplomates, travailleurs humanitaires et observateurs divers. Ses répercussions sont encore visibles dans l'Europe et dans le monde d'aujourd'hui. Pourtant, hors d'Allemagne, il est presque complètement oublié. C'est cette lacune historique que ce livre entend combler.