L’auteur
Faut-il présenter l’auteur ? Daniel Costelle explore depuis plus de trente ans les archives des grands conflits du XXème siècle. Co-auteur de nombreuses séries documentaires télévisées comme Les Grandes Batailles ou plus récemment Apocalypse, il a également publié une quinzaine d’ouvrages dont L’histoire de l’aviation couronné par l’Académie Française, et plus récemment avec Isabelle Clarke La blessure, la tragédie des harkis, Apocalypse et Apocalypse Hitler.
Le livre
Cette édition 2012 est en fait une réédition, abondamment enrichie, d’un premier livre de 1975 sur ce sujet.
L’ouvrage est basé sur une multitude de témoignages recueillis par l’auteur auprès de soldats allemands qui, capturés par l’armée américaine entre mai 43 (Tunisie) et la fin de la guerre, ont traversé l’Atlantique pour se retrouver prisonniers dans divers camps aux USA, les premiers ayant été construits dès 1942.
Ce n’était d’ailleurs pas plus mal pour eux dans la mesure où les USA, appliquant strictement la convention de Genève (citée en annexe du livre), leur réservait un accueil débordant d’abondances qui surprit la plupart d’entre eux.
Mais certains prisonniers, les nazis les plus fanatiques, virent dans ce traitement un signe de faiblesse de l’Amérique « enjuivée » et s’engagèrent dans une campagne de prise en main politique de leurs camarades.
Il est à noter que les plus actifs, les plus fanatiques provenaient tous du premier lot de prisonniers, à savoir les 130 000 soldats de l’Afrikakorps capturés en mai 1943 en Tunisie. La légende d’un Rommel pas vraiment nazi en prends encore un coup à la simple lecture de ce que disaient et faisaient ses hommes.
Les gardiens américains furent totalement pris au dépourvu et débordés par l’intense activité de propagande développée par ces nazis.
De propagande mais aussi de police : Plus de 600 prisonniers jugés « traîtres a la Cause » furent assassinés par leurs camarades qui appelaient cela « exécutions ».
Rares furent les assassins qui subirent les maigres foudres de la justice américaine. De plus, le racisme qui régnait a l’époque aux USA envers les « coloured » n’était pas fait pour ralentir les nazis qui, de par les contacts qu’ils avaient en allant travailler à l’extérieur des camps, voyaient comment cela se passait pour les Noirs et les Mexicains. Pas tout à fait comme pour les Juifs mais c’était déjà une bonne « avancée »
Les chants, les manifestations, l’apparition des croix gammées étaient fréquentes. La plupart d’entre eux avaient un portrait de Hitler au-dessus de leur lit. Jusqu'à la fin, et même après la mort du Führer, le dogme de la victoire finale fut défendu avec violence.
Incapables de calmer le jeu, les Américains en arrivèrent à créer 2 types de camps : Un pour les Nazis, un pour les autres. Les résultats furent loin d’être ceux espérés et cet état de fait perdura jusqu’au retour en Europe des derniers prisonniers après la fin de la guerre.
Je ferai mienne la conclusion de Jean-Paul Bled, historien, professeur émérite à l’Université Paris-Sorbonne :
Le livre de Daniel Costelle a doublement la force d’un document d’histoire. D’abord parce qu’il éclaire un épisode de la Seconde Guerre mondiale laissé le plus souvent dans l’ombre. Ensuite parce qu’il montre comment une idéologie fanatique peut tenir sous son emprise des esprits endoctrinés. Une leçon du passé à méditer aujourd’hui plus que jamais !
Présentation de l’éditeur
Saviez-vous que 380 000 soldats allemands capturés par les Alliés, dont de nombreux nazis, furent envoyés aux Etats-Unis à partir de 1942 dans des camps de prisonniers ? Ce qui s’y est passé semble inimaginable aujourd’hui, et pourtant…
Les autorités militaires américaines ont respecté la Convention de Genève au point de laisser proliférer l’idéologie nazie dans ces camps de prisonniers, plus de 500 installés dans les zones rurales du sud des Etats-Unis. Les soldats les plus fanatiques ont voulu croire jusqu’au bout à la victoire du Reich et fait régner la terreur, mettant à mort les traîtres. Pour arrêter les assassinats en série, il a fallu créer des camps séparés pour nazis et anti-nazis. A partir de 1944, le soldat hitlérien devint réglementaire.
Daniel Costelle s’appuie sur de très nombreux témoignages oraux recueillis dans les années 1970 – anciens prisonniers, gardiens, civils américains, articles de presse de l’époque – pour raconter cette épopée et le choc de la rencontre entre deux mondes si antagonistes.
Préfacé par l’historien des mondes germaniques Jean-Paul Bled et postfacé par l’historien militaire Frédéric Guelton, ce document exceptionnel se lit comme un roman. C’est aussi une mine d’informations qui livre des réflexions salutaires sur la guerre et le totalitarisme.