
Le récit de Frédéric Roux est une commande de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne qui a rejoint un désir ancien chez l'écrivain.
Dans ce livre court mais important, l'auteur se fait le passeur de la mémoire de son grand-père qui "était maladroit comme un cochon. Lorsqu'il est revenu de la Loire, où il n'avait personnellement rien à faire, il lui manquait une jambe." Entre l'héroïsme individuel (une notion très floue selon Roux, un peu comme le courage) et la barbarie collective, il cherche à retrouver l'homme réel, cette chair à canon pour toutes les guerres du XXe siècle qui a souffert et est mort en se moquant des falsifications de la mémoire officielle. J'avais eu la plaisir de l'interviewer pour la radio suisse et il m'avait dit le sentiment contradictoire qu'il éprouvait vis-à-vis de la guerre : entre la fascination pour cette entreprise humaine ultime et le refus de l'utilisation des massacres pour la glorification des nations. Une position délicate mais digne qui l'a poussé à écrire ce récit très humain.
(Je vais chercher la k7 de l'entretien et vous en proposer quelques extraits pour illustrer ce débat)
Amicalement,
René Claude