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Lénine

Hélène Carrère d'Encausse

Difficile de comprendre ce qui s'est réellement passé en Russie au début de la révolution sans connaître les idées de Trotski et de Lénine et leurs implications dans le fonctionnement de la société. Après celui de Robert Service sur Trotski, Helène Carrère d'Encausse nous emmène dans le processus de la révolution et l'on constate que ces deux personnages étaient très proches dans les idées.


Avant-propos

La vie de Lénine, mort en 1924 à cinquante-quatre ans, couvre deux périodes distinctes. D'abord vingt ans d'exil passés à rêver la révolution et à forger son instrument : le Parti bolchevique. En février 1917, le rêve débouche sur un échec : la révolution russe se fait sans lui. Mais, en octobre, elle prend le visage de Lénine. Ce dernier s'empare du pouvoir. En l'espace de seulement quatre ans au cours desquels il parvient à se maintenir contre toute une société qui le rejette, il édifie un État tout-puissant, reconstruit l’Empire, crée le Parti mondial de la révolution, installe le communisme dans l'histoire pour soixante-dix ans.
Comment expliquer, dans un pays d'alors cent quarante millions d'habitants, la conquête puis la conservation du pouvoir à l'aide d'un parti qui ne compte à l'origine que quelques milliers de membres ? Comment expliquer la pérennité et le rayonnement mondial du léninisme ?
En dépit du bilan terrible du régime qu'il a institué - plus de cent millions de morts -, le constat s'impose : génie politique, Lénine a été l'inventeur d'un système de pouvoir sans équivalent dans l'histoire de ce siècle.


Historienne de la Russie, Hélène Carrère d’ Encausse, membre de l’Académie française depuis 1991, a notamment publié chez Fayard La Gloire des nations, Victorieuse Russie, Le Malheur russe, et une biographie de Nicolas II.


AVANT-PROPOS

« Le tombeau de Lénine est le berceau de la Révolution », proclamaient fièrement les milliers de banderoles flottant sur une foule innombrable, le jour où l'on enterrait le fondateur de l'URSS. C'était en janvier 1924. Soixante-huit ans plus tard, en janvier 1992, l'URSS avait cessé d'exister, le communisme et la révolution étaient discrédités, et les statues des chefs communistes, déboulonnées, gisaient dans des parcs, témoignages dérisoires d'une gloire évanouie. Mais, sur la place Rouge, devant le Kremlin, le mausolée, « berceau de la Révolution », abritait toujours le corps embaumé de Lénine, offert pendant trois quarts de siècle à la dévotion des foules - « relique révolutionnaire », disait Staline. Les foules ne se pressent certes plus aujourd'hui pour contempler le « chef bienaimé » (Vojd'), mais le souvenir de Lénine n'a pas totalement déserté les consciences.
Quel étrange destin que celui de Lénine après sa mort ! Il n'exerça le pouvoir qu'un temps très bref - de la fin de l'année 1917 aux premiers jours de 1923 -, en fut ensuite écarté par la maladie et disparut un an plus tard. Mais, à sa mort, les bolcheviks, affolés du vide ainsi créé, décidèrent, contre les traditions de la Russie, contre la volonté exprimée par sa veuve et probablement contre celle qu'eût exprimée, s'il l'avait pu, Lénine lui-même, de conserver au mort les apparences de la vie, de le garder ainsi parmi eux. Embaumé, exposé à la vue des pèlerins dans son cercueil de verre, Lénine devint l'objet d'une vénération quasi religieuse. Par là, le Parti bolchevique dit faire écho aux demandes de la classe ouvrière : « Lorsque nous douterons de la Révolution ou serons sur le point de nous tromper, il nous suffira d'aller contempler Lénine, et il nous remettra dans le droit chemin. » L'objectif était simple : pour sauver l'héritage de Lénine - et le léninisme que Staline inventa, sitôt le guide disparu - il fallait que celui-ci échappât au destin normal des hommes, que sa mort ne fût donc qu'apparence. « Lénine est vivant » : tel fut le slogan des années post léninistes, dont le mausolée confirmait l'authenticité.
Mais, avec les années, les décennies, le destin de Lénine se révéla plus étonnant encore. Le XXe siècle a été riche en grands chefs d'État charismatiques qui se campèrent en sauveurs de leurs peuples au nom du communisme (Staline, Mao, Hô Chi Minh...) ou contre lui (Hitler, Franco, Salazar...). Tous tombèrent de leur piédestal dès lors que la mort les réduisit au silence. Même ceux qu'un mausolée protège encore de l'« enfer » des hommes politiques - cas de Mao - n'échappent pas à une implacable remise en cause de leurs mérites et de leur œuvre. Staline, qui partagea quelques années - 1953-1961 - le mausolée de Lénine, en fut brutalement arraché lorsque, du statut de « plus grand homme de tous les temps », il glissa à celui de « criminel ». À Lénine seul fut épargné ce naufrage des grands hommes que la mort et le temps favorisent. Il l'évita lorsque, à partir de 1956, Staline fut mis en procès ; mais aussi lorsque, au début des années 1970, la publication de L'Archipel du Goulag donna à l'URSS son vrai visage, celui du totalitarisme, et ouvrit les vannes aux accusations portées contre elle. Et même après 1985, lorsque chemine en URSS et dans l'ensemble du monde communiste l'idée de clore le temps des révolutions et des systèmes politiques qu'elles ont instaurés. Seul Lénine, dans son mausolée, est préservé de cette révision, jusqu'en 1992. Aujourd'hui encore, la fascination qu'il exerce sur certains de ses compatriotes s'exprime tantôt par une fidélité persistante au Parti qu'il fonda, tantôt par d'étranges manifestations de foi. C'est ainsi qu'a été créé en 1992 un Parti chrétien-léniniste' qui appelle les Russes à se rassembler autour de Lénine pour entendre la parole du Christ ! Son slogan : « Nous sommes des léninistes, nous portons les idées du Christ », traduit un curieux syncrétisme qui témoigne de la confusion des esprits après l'agonie du communisme, mais aussi d'une survie certaine du mythe de Lénine.
Ce destin posthume, si particulier à Lénine, s'explique de diverses façons. Tout d'abord, contrairement à d'autres dictateurs, il ne fut pas un homme isolé dont la gloire reposa sur son charisme et sa puissance d'un moment. Lénine s'inscrit dans un courant durable, celui des utopies, et dans une trinité mythique, celle de Marx Engels-Lénine (à laquelle Staline vint un temps ajouter un quatrième membre, dénoncé ensuite comme un imposteur). Les pères fondateurs du marxisme, qui n'ont pas vécu assez longtemps pour voir comment ceux qui se réclamaient d'eux mettaient en œuvre leurs idées, ont échappé au procès fait aux communistes. Et Lénine a durablement bénéficié de leur protection. Mais aussi, durant trois quarts de siècle, le poids terrestre du communisme a protégé celui qui, le premier, avait transformé l'utopie en système de pouvoir. Contester Lénine eût impliqué que les États communistes se privent de la légitimité que leur conféraient l'homme idéalisé par ses successeurs et le léninisme dans lequel ils s'étaient drapés, référence suprême et vérité immanente. La survie des systèmes communistes requérait un tel mode de légitimation. À partir de là, il fut loisible de critiquer Staline et de rejeter des pans entiers de son action au nom du « retour à Lénine ».
Mais le communisme rejeté, la lutte abandonnée, l'idole n'a plus de raisons d'être. L'URSS est entrée dans l'Histoire; Lénine appartient désormais à ceux qui réfléchissent en pesant les mérites des hommes et les événements sans se soucier des exigences ou impératifs politiques. Il est aujourd'hui possible de poser et de se poser au sujet de Lénine les questions qui s'imposent : Qui fut-il : un criminel responsable de l'une des plus terribles tragédies de ce siècle ? ou bien une victime des retournements subits de l'Histoire, à laquelle un nouvel et peut-être ultime retournement rendra un jour justice ? Quelle part attribuer à sa personnalité dans les actes et le devenir politiques où l'on peine à dissocier l'homme de son pays ? Quelle fut la part de l'environnement politique dans ses choix et dans leurs conséquences - retard de la Russie, retard de la révolution hors de Russie ? Lénine fut-il l'incarnation d'un siècle terrible où le mépris des hommes fut constant ? ou un visionnaire qui traça - trop tôt, peut-être - les voies d'un avenir apaisé, clément aux hommes ?
L'ambition de ce livre est de contribuer à arracher Lénine aux passions idéologiques pour l'inscrire dans l'histoire du siècle en train de s'achever et qui, qu'on le veuille ou non, aura été dominé avant tout par ses idées et sa volonté.

SOMMAIRE

PREMIÈRE PARTIE
D'Oulianov à Lénine : 1870-1900
Chapitre I - L'apprentissage de la vie
Chapitre II - La Russie au creuset du changement
Chapitre II - Aux origines du bolchevisme

DEUXIÈME PARTIE
Révolutionnaire professionnel
Chapitre IV- L'unité: un parti, un programme, un chef .
Chapitre V - 1905 - L'épreuve du feu
Chapitre VI - La traversée du désert - 1905-1914
Chapitre VII - La défaite russe, pour le bien de la révolution
Chapitre VIII - Tout le pouvoir aux soviets – février - octobre 1917
Chapitre XIX - Tout le pouvoir aux bolcheviks
Chapitre X - De la mort de l'État à l'État de la Révolution
Chapitre XI- Garder le pouvoir à tout prix
Chapitre XII - Révolution mondiale ? révolution dans un seul pays ?
Chapitre XIII - Après l'autodétermination, l'État recomposé
Chapitre XIV - « Un pas en avant, deux pas en arrière »
Chapitre XV - Le déclin d'une intelligence
Conclusion

 

Editeur : Fayard
Date edition : 1998
ISBN ou ref : 2-213-60162-3
Support : livre
Genre : étude historique
Période concernée : de 1870 à 1939
Région concernée : Est Europe

Proposé par Christian Favre le jeudi 29 décembre 2011 à 09h29

Dernière contribution le samedi 01 juillet 2017 à 08h28

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