Militaire sorti du rang, le général Louis Rivet a soigneusement consigné, huit années durant, ses impressions comme les entrevues ou les divers renseignements recueillis depuis l’étranger au cours de ces années difficiles. Rédigés par le chef des services spéciaux français entre 1936 et 1944, ces carnets sont restés inédits depuis la Libération. Ils éclairent les ressorts, les moyens et les difficultés rencontrés par le renseignement militaire français, notamment auprès de ses alliés comme de ses adversaires potentiels d’Europe centrale et orientale. Il laisse enfin et surtout entrevoir la faible utilisation du renseignement par le pouvoir politique ou la haute hiérarchie militaire. Olivier Forcade et Sébastien Laurent se sont chargés de la rédaction de l’appareil critique visant à replacer ces souvenirs dans le contexte et la lumière de l’époque. Solidement annotés et commentés, ce journal est aujourd’hui accessible au plus grand nombre mais intéressera certainement en premier lieu les historiens, voire les passionnés. Jamais le " journal de bord " du général Louis Rivet n'avait, jusqu'à présent, été livré au public. Pendant huit années, presque chaque jour, Louis Rivet y a consigné ses impressions, relaté les entrevues et mentionné les renseignements obtenus ; confidentielles, certaines de ses informations provenaient de " sources " installées au coeur de l'appareil d'Etat nazi. Le recoupement avec les informations déjà révélées notamment dans livres de Paul Paillole s'avère passionnant. Aujourd'hui publiés dans une édition critique et annotée, les carnets de Louis Rivet présentent l'histoire du second conflit mondial sous un jour nouveau. Des personnalités célèbres y croisent des figures moins connues ou anonymes du renseignement français et européen. On y rencontre Léon Blum, Edouard Daladier, le maréchal Pétain, Pierre Laval, le général de Gaulle. Ces carnets font entrevoir les liens très complexes, parfois ambivalents, qui unissent les services spéciaux au pouvoir politique. Ils dévoilent l'enchaînement des crises, le jeu des coopérations entre les services d'espionnage des grandes puissances, les champs de bataille de la guerre secrète européenne, et ouvrent ainsi de nouvelles perspectives pour l'histoire du renseignement au XXe siècle et l'accroissement de sa déterminante importance dans les victoires plus visibles et plus glorieuses chères aux militaires.