Tout au long de la Seconde Guerre mondiale en Europe, un seul pays fait figure d'îlot préservé : la Suisse. Berceau de la Croix-Rouge, ce pays symbolise pour beaucoup l'accueil. Sa neutralité donne plus de poids à son image de terre d'asile. Aussi, à la suite des mesures prises par le gouvernement de Vichy dès octobre 1940 et renforcées par celles de l'été 1942, des milliers d'individus vont tenter de trouver refuge dans la Confédération helvétique. La Haute-Savoie apparaît comme le département français frontalier le plus propice aux passages clandestins entre ces deux pays. En effet, il demeure en zone libre jusqu'en novembre 1942 et sous occupation italienne jusqu'en septembre 1943. Ce mémoire décrit les différents réseaux d'entraide qui se sont constitués pour tenter de porter secours à ces hommes, ces femmes et ces enfants persécutés. Il retrace les préparatifs de l'acheminement, les étapes, le danger omniprésent. Enfin, une fois la frontière franchie, quel accueil la Confédération helvétique a-t-elle réservé aux réfugiés ? Les nombreux refoulements pratiqués sur ordre des autorités fédérales prouvent que ce pays n'a pas été la terre d'asile parfaite vers laquelle se portait l'espoir des réfugiés. Mais au lendemain de la guerre, la Suisse a voulu éclaircir cette partie sombre de son histoire. De nouveaux principes sur le droit d'asile ont été publiés dès le 1er février 1957.