Marcel Déat (1894-1955) raconte sa vie dans un volumineux livre de 1000 pages. Il est un des personnages de l’ultra collaboration qui a fui en Italie en 1945 et qui a échappé à la sanction capitale.
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, professeur de philosophie à Reims puis aux lycées Fénelon et Louis le Grand, il a reçu la légion d’honneur au feu lors de l’attaque du 17 avril 1917.
Plusieurs fois députés, il quitte la S.F.I.O. et fonde en 1933 le Partie Socialiste de France. Il prône le parti unique (analogue au parti national-socialiste d’Allemagne) et la lutte contre le Communisme.
Il assiste en 1934 comme réserviste aux grandes manœuvres. Elles sont pitoyables, dit-il, avec des chars de la guerre de 14.
Sous Pétain, sénile, qui s’était déjà fait imposer Laval par les occupants, Déat en 1944 devient ministre du travail.
Et c’est la grande débandade d’août 1944. Il part à Sigmaringen avec les grands collabos.
À l’étape de Nancy il se demande comment il se fait que Hitler ne déclenche pas déjà la contre-offensive avec «
ses armes terrifiantes ? »
Dans cette Micro-France de Sigmaringen, Laval, Doriot et lui se détestent comme 3 individus sur une île déserte.
Laval fait le mort avant la lettre et ne sait pas par quel maquignonnage il va se sortir de tout cela. Doriot avec Ribbentrop veut fonder «
le comité de Libération ». Libération contre qui et pour qui ? Quelle idée machiavélique leur traverse la tête ? Quant à Déat qui tient le haut du pavé à Sigmaringen, il lutte contre tous les autres.
Seul Louis Ferdinand Celine avec sa femme et son chat Bébert, germanophobe, claquera la porte aux Allemands et partira pour le Danemark.
Reste à savoir quel crédit accordé à ce livre autobiographique paru en 1989 alors que son auteur à disparu depuis plus de 30 ans, le 5 janvier 1955. Les carnets pris au jour le jour par Déat depuis le début de sa carrière, abandonné dans la montagne près de Merano auraient été retrouvés lorsque les agents des services spéciaux le poursuivaient. Pendant sa longue cavale qui a durée 10 ans à Gênes et a Turin, son épouse qui ne l’a pas quitté, a ressemblé ses documents qu’il rédigeait journellement. L’historien Laurent Theis les a tous réunis.