Léon Goldensohn, psychiatre de l'Armée américaine, avait reçu comme mission de s'entretenir à Nuremberg avec les dignitaires nazis inculpés pour crimes de guerre ainsi que leurs témoins.
Les notes manuscrites que prit Goldensohn dans les cellules des détenus étaient consignées dans des carnets avant d'être dactylographiées dans les jours suivants. Goldensohn avait-il l'intention de publier ses notes ? Il décéda en 1961 et sa veuve, en 1970, lors d'un déménagement vendit la majeure partie de sa bibliothèque ainsi que, par inadvertance, les carnets de son mari. Ces témoignages exceptionnels furent heureusement récupérés par la famille qui accepta de les publier en 2004.

Les confidences recueillies par le psychiatre jettent une lumière crue sur la monstrueuse folie meurtrière du régime nazi sans pour autant que les responsables de cette entreprise criminelle ne s'en émeuvent. La plupart des accusés ne se sentent pas pour autant coupables, s'en dédouanent en rejetant la faute sur l'autre, le voisin de cellule....Le constat est accablant : le IIIe Reich cultiva la banalité du mal et sombra dans le crime routinier.

Notons également que Goldensohn interrogea les internés sur leurs antécédents familiaux, leurs parcours scolaires et professionnels, leurs vies sentimentales ... et ce n'est pas le moindre des intérêts de ce livre de 800 pages que de découvrir que les bourreaux étaient des "hommes ordinaires".

Présentation de l'éditeur

Nuremberg, janvier 1946. Alors que le monde entier a les yeux rivés sur cette ville symbole du IIIe Reich, où les procès des grands criminels de guerre nazis viennent de commencer, un psychiatre américain de trente-quatre ans, Leon Goldensohn, entreprend de consigner les entretiens qu'il mène, jour après jour, avec Hermann Göring, Hans Frank, Karl Dönitz, Alfred Rosenberg, Rudolf Höss et une vingtaine d'autres, accusés ou témoins aux procès. Antécédents familiaux, vie sexuelle, carrière dans le parti, relations avec Hitler et avec les dignitaires du régime, participation à l'extermination des juifs : Goldensohn note méthodiquement ses questions et les réponses qui lui sont faites.

Il y a l'aristocratique Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich, qui dit sa fascination pour Hitler dans une cellule jonchée de détritus; il y a Göring, qui accable les autres accusés de son mépris et joue au chef de guerre, détaillant son "code chevaleresque" ; il y a Julius Streicher et ses délires antisémites, teintés de pornographie; il y a Höss, commandant d'Auschwitz entre 1941 et 1943, qui décrit froidement le mécanisme d'extermination, précisions à l'appui...

Un témoignage extraordinaire sur la psychologie des nazis, et une pièce unique à verser aux archives du IIIe Reich.

Sommaire

- Introduction : Nuremberg : des voix surgies du passé, par Robert Gellately

- Comment les entretiens de Nuremberg ont été obtenus et conservés, par Eli Goldensohn

Première partie : accusés

- Karl Dönitz
- Hans Frank
- Wilhelm Frick
- Hans Fritzsche
- Walther Funk
- Hermann Göring
- Rudolf Hess
- Alfred Jodl
- Ernst Kaltenbrunner
- Wilhelm Keitel
- Constantin von Neurath
- Franz von Papen
-Joachim von Ribbentrop
- Alfred Rosenberg
- Fritz Sauckel
- Hjalmar Schacht
- Baldur von Schirach
-Albert Speer
- Julius Streicher

Seconde partie : témoins

- Erich von dem Bach-Zelewski
- Kurt Daluege
- Sepp Dietrich
- Franz Halder
- Rudolf Höss
- Albert Kesselring
- Ewald von Kleist
- Erich von Manstein
- Erhard Milch
- Rudolf Mildner
- Otto Ohlendorf
- Oswald Pohl
- Walter Schellenberg
- Paul O. Schmidt