Nous ne saurions mieux résumer le livre de Philippe Burrin qu'en proposant un extrait de l'introduction où l'historien esquisse les diverses formes d'accommodement de la société française dans ses diverses composantes.
Dans son parcours, l'ouvrage conduit tour à tour vers trois secteurs de la société française, où se retrouvent les éléments de base de l'accommodation: le sentiment de la contrainte, l'intérêt matériel, la complaisance personnelle, la conviction ou la connivence idéologique. Le premier secteur est le gouvernement français, qui dispose d'atouts de puissance - une zone libre, une flotte, l'Empire - et qui bâtit là-dessus, à l'enseigne de la raison d'État, dans le fil d'une réflexion diplomatico-stratégique et d'un souci de survie du régime, la politique dite de collaboration. Le deuxième est la société civile directement soumise à l'occupation, dans la diversité de ses groupes et de ses comportements, de l'Eglise aux universitaires, en passant par les milieux d'affaires, les consommateurs de la culture allemande et les créateurs de la culture française. S'il est avec le Ciel des accommodements, il en est tout aussi facilement avec l'occupant: souci de passer au travers, en sauvegardant ou en améliorant des positions, en garantissant le présent ou en ménageant l'avenir. Le troisième est constitué, au sein de la société civile, par le cercle restreint mais non négligeable des hommes politiques, des journalistes, des simples Français qui ont jugé bon de s'engager , de faire de la politique en présence de l'occupant, de manifester des opinions collaborationnistes, de plaider l'entente avec le vainqueur, de militer en sa faveur, parfois de revêtir son uniforme.
Ces trois secteurs font partie d'une même réalité globale, tout en montrant de notables variations dans l'ajustement à ce fait massif qu'est la présence de l'occupant.
Présentation de l'éditeur
Pendant quatre ans, les Français ont vécu sous la domination de l'Allemagne nazie.
A cette situation extraordinaire, ils se sont adaptés de différentes façons, quelques-uns en refusant la majorité, en pliant et en subissant, d'autres, assez nombreux, en faisant des accommodements ou en recherchant une entente avec le vainqueur.
Voici un ouvrage qui embrasse pour la première fois l'ensemble des réactions de la société française à la présence de l'occupant : le gouvernement de Vichy, les groupements politiques, l'opinion, l'Eglise, les patrons, les banquiers, les éditeurs, les écrivains...
On y voit la diversité et l'évolution des comportements, de l'engagement dans la collaboration jusqu'aux formes quotidiennes, affichées ou subreptices, de la cohabitation avec le vainqueur - la recherche de travail ou de commandes, l'apprentissage de l'allemand, les contacts avec l'occupant, la fréquentation des concerts, des conférences, des expositions qu'il organise.
Placé dans une situation extraordinaire, les Français ont dû tracer la ligne de l'acceptable et de l'inacceptable, faire le départ du digne et de l'indigne, du bon et du mauvais, en se référant à l'image qu'ils avaient d'eux-mêmes, de leur pays, de ses intérêts, de leurs intérêts.
De ce que leur réponse a été hésitante, divisée, sanglante au débouché de l'occupation, il est resté une déchirure à vif.
Table des matières.
Introduction1. Avenirs d'une défaite.
2. Un présent indécis.
3. Le passé présent.
4. Les maîtres de l'heure.
1. - Raison d'Etat.5. La seule France.
6. L'appareil d'occupation.
7. Montoire.
8 .L'ère Darlan.
9. La négociation permanente.
10. Le retour de Laval.
11. Vichy fantoche.
2. - Accommodements.
12. L'opinion.
13. Français et Allemands.
14. Eglise et associations.
15. Les cadres patronaux.
16. Capitaines d'industries.
17. Manieurs d'argent.
18. Forbans et soutiers.
19. Sprechen Sie deutsch ?
20. Science et présence.
21. Inter arma sielent Musae.
22. Les muses enrôlées.
3. - Engagement.
23. L'Anti-France.
24. La fronde parisienne.
25. La gauche d'Abetz.
26. Les notables.
27. La droite musclée.
28. Gens de partis et gens d'armes.
29. Milices.
30. Déroutes.