Sous son allure de vieux pirate de la Mer de Chine, Lucien Bodard cachait une âme d'humaniste blessé. Il a vécu son siècle à fond, en partageant ses souffrances et ses joies qu'il rapportait aux lecteurs en métrople grâce à un talent de journaliste-conteur hors pair. Si sa "Guerre d'Indochine" n'a pas la rigueur des essais académiques, en revanche, c'est un merveilleux récit qui condamne aux nuits blanches !
Olivier Weber est grand reporter (prix Albert-Londres); il (a)voue une admiration lucide pour Lucien Bodard qu'il prit très tôt comme "maître en journalisme", avec Londres et Kessel. Sa bio imposante est une manière de lire le XXe siècle à travers l'existence d'un écrivain-voyageur qui fut à la fois le chantre de la passion amoureuse et "un voyeur de l'atroce".
Jamais ennuyeuse, cette exploration de la vie multiple de Lucien Bodard me fait regretter l'époque où, bien avant le "nouveau journalisme", des reporters - écrivains en puissance - pouvaient dire "Moi, je..."sans se cacher derrière l'illusion (l'imposture ?) de l'objectivité journalistique.
Amicalement,
René Claude