Nourissier a écrit ce court roman en 1958 à l'âge de trente ans. Celui qui eut 13 ans durant l'Occupation s'expose sous les traits d'un auteur chargé de retrouver et d'interroger un écrivain proscrit à la Libération par le Comité National des Ecrivains : Saint-Lorges. Ce styliste brillant est un mélange de Chardonne, Drieu, Morand ( exilé à Montreux jusqu'en 1958...) et Jouhandeau.
1958 :La France est en pleine crise algérienne, De Gaulle attend l'heure du rappel et la littérature est une affaire sérieuse où s'affrontent les partisans de l'engagement politique , à la suite de Sartre mais aussi d'un Mauriac (très impliqué dans les groupes de soutien aux peuples d'Afrique du Nord) et les adeptes du dégagement dont Nimier et Haedens sont les figures emblématiques.
François Nourissier quitte le temps de la jeunesse et s'affirme comme une des nouvelles valeurs du roman. Mais il cherche à comprendre qui sont ces écrivains au talent reconnu fourvoyés dans la collaboration, passive ou active. Le dialogue entre le jeune auteur et Saint-Lorges le réprouvé exilé sur la riviera vaudoise reste un des forts passages de ce roman qui peut aider à saisir certains des enjeux littéraires et idéologiques d'une année charnière.
Cordialement,
René Claude