
Journaliste germanophile, proche d'Abetz, auteur de plusieurs interviews de Hitler, brièvement membre du PPF, avant d'être après la guerre un gourou de Sciences Po, Bertrand de Jouvenel vire comme beaucoup sa cuti après le 15 mars 39, et se résigne à voir la France et l'Angleterre menacer sérieusement d'une guerre le "fou furieux" Hitler, tout en espérant que cette attitude suffise à écarter le fléau. En même temps, il met à profit ses contacts allemands pour donner, dans des quotidiens ou des hebdomadaires, force conseils... qui suent, après coup, la manipulation nazie.
En 1947, au lieu de tourner la page, il a le courage de republier ses articles de la "dernière année" en faisant "abandon de tout amour-propre", comme il le dit en introduction. Mais s'il s'accuse, sans précision aucune, de "naïvetés", il n'a pas l'air de soupçonner le moins du monde qu'il ait été manipulé.
Ce recueil est le meilleur vaccin que je connaisse contre l'idée, hélas toujours répandue, que Hitler ne s'attendait pas à une déclaration de guerre franco-anglaise après son entrée en Pologne.