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Quelle extraordinaire aventure collective que l'histoire du réseau Brutus qui, avec Confrérie-Notre-Dame de Rémy, fut dès le début adoubé par la France libre et le BCRA de Passy et Manuel qui connurent des jours et des nuits d'angoisse en raison de l'audace de ses animateurs en France occupée et dans l'Etat de Pétain. Curieusement, comme le dit le 4e de couv',
si la mémoire collective a retenu les noms de certains mouvements de résistance intérieure - Combat, Franc-Tireur, Libération -, il n'en est pas de même du réseau Brutus, fondé dès septembre 1940. Comme la France libre, le réseau Brutus fut un melting pot improbable où cohabitèrent des hommes et des femmes venus d'horizons, de classes sociales et d'idéologies très divers. C'est Pierre Fourcaud, alias
Lucasune tête brûlée pleine de charisme d'imprégnation maurrassienne avant juin 40, son frère Boris et un bâtonnier marseillais socialiste, André Boyer, qui furent à l'origine du réseau de renseignement Brutus. Dès le départ, leur projet repose sur la nécessité d'une union pour l'établissement d'une autorité avec son cahier des charges.
Visionnaires, les deux hommes lancent l'idée d'un organe fédérant les mouvements de résistance, les partis politiques et les syndicats, sous l'autorité du général de Gaulle, projet qui aboutit à la constitution du Conseil national de la Résistance en 1943. (4e de couv')
Ce sont les agents du réseau qui récoltèrent et transmirent à Londres emplacements d'unités allemandes, les plans des défenses du mur de l'Atlantique, les sites de lancement des V1, etc, au prix de nombreuses arrestations, tortures, exécutions et déportations.
Cette étude est basée sur des archives peu ou pas utilisées jusque-là et des témoignages recoupés. Ecrite à quatre mains dans un style clair, précis et rigoureux par l'historien Jean-Marc Binot et Bernard Boyer, fils d'André, elle nous fait pénétrer dans le travail quotidiens de celles et ceux d'une organisation aux cloisons très (trop) poreuses malgré les abjurations répétées du BCRA du fait de l'interpénétration des mouvements. (par exemple, Brutus et Libération-Nord avaient des agents communs, faute de volontaires en nombre suffisant, ce qui alourdissait les risques en cas d'arrestation.)
Cette étude historique comble un manque. C'est aussi un bel hommage
aux hommes et aux femmes qui ont lutté pour l'honneur de leur pays jusqu'au sacrifice de leur vie.
RC