En avant-propos de son livre, Michel Winock explique sa démarche :
L’idée de l’écrire m’est venue en 2002, lorsque l’actualité d’un nouvel antisémitisme fit la « une » des quotidiens. Je me suis souvenu à ce moment d’Etiemble, qui était professeur de littérature comparée dans la Sorbonne des années cinquante. En pleine guerre d’Algérie, il fustigeait dans Le Péché vraiment capital, le racisme anti-arabe et, de la même plume, la haine antijuive : « Comment se fait-il que, dès que l’on touche à l’honneur ou a un cheveu du Juif, je sois du coup menacé dans ma vie, dans ma liberté de goy et que toutes les tyrannies estiment solidaires le Juif et l’homme libre ? »
A vrai dire, je m’étais intéressé à cette histoire une trentaine d’années plus tôt, un peu au hasard. Rédigeant des comptes rendus de lecture pour la revue Esprit, je fus attiré par l’ouvrage de Pierre Pierrard, Juifs et Catholiques français, paru chez Fayard en 1970. Ce fut une révélation. Jamais je n’avais eu l’occasion d’étudier l’histoire des Juifs de France et leurs relations avec les catholiques… »
Et au terme de l'avant-propos, on retiendra cette phrase essentielle :
J’ai écrit ce livre sans esprit de parti. Mais, s’il en faut un, je serai du parti qui place la paix entre Israéliens et Palestiniens, entre Juifs et musulmans, au-dessus de tout.
L'ouvrage n'est pas à proprement parler, une énième histoire de l'antisémitisme en France. Michel Winock s'est fixé comme objectif d'analyser les rapports entretenus entre la République, la population et les juifs de 1789 à nos jours. De l'émancipation née de la Révolution au "malaise des années 2000", l'auteur dresse le tableau exhaustif des épisodes majeurs qui ont émaillé l'histoire des relations contrastées du "franco-judaïsme", ses éclats lumineux comme ses zones d'ombre et ses taches noires.
Présentation de l'éditeur :
De 1791 - l'année de leur émancipation par l'Assemblée nationale - jusqu'aux troubles du nouvel antisémitisme des années 2000, les juifs ont connu en France des relations contrastées avec l'État et la société globale. Cet ouvrage a pour objet l'étude de ces relations, tantôt heureuses, tantôt néfastes souvent silencieuses et indifférentes, parfois dramatiques. À cette fin, il revisite des épisodes majeurs de l'histoire nationale (l'affaire Dreyfus, les lois antisémites dans la France de Vichy, les répercussions dans l'Hexagone de la guerre des Six jours). Il met en perspective des débats récents et moins récents (le cas Jean-Paul Sartre, l'affaire Faurisson et le négationnisme). Il éclaire également d'un jour nouveau des aspects plus méconnus de cette histoire (le statut des juifs d'Algérie, par exemple) et analyse la complexité du " grand malaise des années 2000 ". " La France est-elle antisémite ? " C'est aussi à cette question surgie de l'actualité que ce livre veut répondre. Ce livre a obtenu le prix Montaigne 2005
TABLE DES MATIERES.
Avant-propos.
1. 1791 : l'émancipation
2. Le temps de l'intégration.
3. L'affaire Mortara.
4. Le décret Crémieux (24 octobre 1870).
5. Le moment Drumont.
6. L'affaire Dreyfus (1894-1906).
7. Le triomphe de la République.
8. La seconde intégration. (1906-1930).
9. Le ciel obscurci des années trente.
10. Vichy et l'Occupation.
11. La part des Justes.
12. La nouvelle émancipation.
13. Le cas Jean-Paul Sartre.
14. Le tournant de la guerre des Six Jours.
15. La bataille de la mémoire.
16. Le grand malaise des années 2000.
Conclusion.
Francis Deleu.